architecte avant de se faire le chantre de la transversalité il n'oublie pas que le centre de toute vision et des organes qui la synthétisent à notre esprit reste notre corps |
Un temps, il nous faudrait préférer le présent au futur, et un moment, il faudrait cesser de confondre le visionnaire avec une futurologie aussi débilitante que le sous tend formellement ce néologisme. Didier Fiuza Faustino est architecte avant de se faire le chantre de la transversalité. Sans nier l'intérêt d'un regard attentif à l'ensemble du champ des savoirs, il n'oublie pas que le centre de toute vision et des organes qui la synthétisent à notre esprit reste notre corps. Corps dans son interaction avec l'extérieur, formaté par l'architecture et pouvant à son tour lui réserver le même sort. C'est le cas de l'assise "love me tender" dont les pieds, aussi acérés que chromés, lacèrent le sol, s'enfoncent en lui, une fois que notre masse corporelle répond à l'attraction, terrestre.
Méfiance pour le mauvais badigeon quand le béton brut des fondations n'est pas si laid à regarder. Il n'est pas de notre volonté de nier la dimension politique des ces travaux, mais s'arrêter sur ce débat, pire, transformer l'architecte en guérilléros de l'urbain ne ferait que nous détourner des questions essentielles. Bien évidemment "politique" mais comment une architecture un tant soit peu sensée ne s'occuperait pas de la vie dans la cité ? Une architecture qui donne du sens donc, et un architecte qui réfléchit. Voilà qui fait lien avec notre titre. Le spéculaire est ce qui reflète, on le dit de ces pierres comme le mica qui se feuillette en autant de micros miroirs. Un regard porté sur notre temps comme Peter Sloterdijk le préconise devant les capacités démultipliées de la biologie appliquée à l'humain. Pour celui-ci, les procès d'intention n'ont pas manqué, la crainte réactivée d'un nouvel homme issu des pires expérimentations de la guerre, la seconde et globale. Pourtant il faut réfléchir avec les données contemporaines avant de sauter une étape vers des systèmes parfaits finissant toujours par nier l'être en soi. Envisager le pire sans mensonge, c'est commencer par voir ce qui se présente devant notre visage ou lire celui de l'autre. Didier Faustino pense, pour partie, à une évolution, entre "Body in transit", "One Meter House" et "Casa Nostra", nous préférons le regard acéré de différents constats sur l'individualité permettant une spéculation ancrée au physique. L'individu, le même du Nord au Sud ? D'un pseudo vide vers un pseudo plein, vers l'immersion dans les richesses qui poussent aux pires extrémités. Cette caisse à usage humain transporte aussi l'idée, à handle with care, que l'occident attire et que l'on quitte la chaleur d'un hémisphère pour finir rigidifié par le froid dans le train d'atterrissage d'un avion.
Ce projet parle aussi des néo-communautarismes et de ses réseaux, quelle pièce choisit-on ? Pourquoi y reste-on ? Pourquoi la quittons nous ? Il est question du choix et de sa sombre gémellité : le non choix. Plutôt que l'écoute stérile d'un concert de hauts cris, c'est encore un constat à réfléchir.
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Didier Fiuza Faustino, Bureau des Mésarchitectures, www.mesarchitectures.com
1 :1 1 :10 1 :100, Frac Centre, 12, rue de la Tour Neuve, 45000 Orléans
tél : 00 33 (0)2 38 62 52 00, du 30 janvier au 30 avril 2004, www.frac-centre.asso.fr
Ailleurs, ICI, L'ARC - Musée d’Art moderne de la Ville de Paris
au Couvent des Cordeliers, 15, rue de l'Ecole de Médecine, 750006 Paris, M° Odéon
tél : 00 33 (0)1 53 67 40 00, du 17 janvier au 29 février 2004, www.musees.paris.fr
Fight The Power, Galerie Gabrielle Maubrie, 24, rue Sainte Croix de la Bretonnerie, 75004 Paris
M° Rambuteauté, l : 00 33 (0)1 42 78 03 97, jusqu'au 6 mars 2004
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