Globalement le marché est dit un peu "atone", ici à L.A., les galeries travaillent principalement avec les prescripteurs que sont les "designers" et "home decorators" et d'autre part avec les "Art Consultants", qui investissent pour leurs clients dont ils assurent la décoration intérieure des maisons et/ou un choix intelligent de valeurs sures et si possible montantes. Les plus actives courent les foires (New York, Art Miami, LA Art show…).

approche particulière expérimentale collective réunit toutes formes d'art habituellement séparées

Dark Places, display prototype designed by servo © 2006 Erdman Photo.     Dans ce cas, cela suppose 4 éléments fondamentaux de la part de l'artiste promu : de bonnes expos dans les 5 dernières années ; de la presse - télévision - presse écrite - radio - ; quelques collectionneurs réputés comme clients et last but not least, quelques pièces dans les musées. Pour ce qui concerne les collectionneurs, on les trouve dans quelques grandes familles, le show biz, la finance, la diaspora juive… C'est là qu'il faut être, pas ailleurs… C'est un marché atypique, où les acheteurs ne viennent pas chercher des œuvres en galerie, mais les galeries vont chez les collectionneurs… Un endroit très branché, "le" lieu incontournable de L.A. à visiter : "Bergamot Station", ancienne gare désaffectée, qui rassemble une vingtaine de très bonnes galeries autour du Musée de Santa Monica, où j'ai pu être invitée à la première de "la soirée dont on parle" autour d'une installation "Dark Places" (commissaire d'exposition Joshua Decter). J'y ai rencontré Pierre Bismuth, auquel est réservé un espace particulier autour de sa vidéo "Coming soon". L'installation, une espèce d'hydre géante, transparente, high-tech, humanoïde, offre 8 enchaînements sans fin de petites séquences vidéos regroupant 76 artistes ou architectes venant du monde entier. Parmi eux, Matthiew Barney, Sophie Calle, Wim Wenders… autour de thèmes très variés, censés évoquer la ville, l'intime et des narrations toutes singulières, parlant de mémoires, de traces, "d'interconnections entre la mémoire et l'espace social". Cette approche particulière, expérimentale, collective réunit toutes formes d'art habituellement séparées, et ranime les liens entre l'art, l'architecture, les médias, et le design technologique. L'impression générale voulue est l'hallucination futuriste d'un scénario noir dans le cadre du Musée. La question posée est "Que sont et où sont les espaces énigmatiques dans nos mondes urbains et suburbains, et comment naviguons-nous dans ces espaces ambigus ?" Comment sommes-nous affectés par la violence, la peur et la paranoïa que les phénomènes de surveillance et d'Internet vont amplifier, et comment pouvons-nous nous les réapproprier pour atteindre une dimension sociale, politique et spirituelle ? Ces vidéos m'ont évoqué celle du lauréat du Prix Marcel Duchamp 2005, Claude Closki, évoluant dans ces enchaînements d'images relais et reflets d'un monde composite, complexe et froid, dont l'observation devrait réveiller nos consciences…       Michel Tabori, Red Bop, 2005 Courtesy Berman Turner Projects     A Bergamot Station, quelques galeries et artistes ont particulièrement attiré mon attention. The Berman Turner Projects présente dans un de ses espaces, les travaux récents de Michel Tabori, ses "new Works", une vingtaine de grands formats montrent une œuvre puissante, issue de photos numériques transférées sur toile, retravaillées, repeintes, dont la couche épaisse et transparente de résine qui les recouvre donne une surface miroir dans laquelle l'espace environnant se reflète. Intensité absolue des couleurs, infiniment vibrantes, abstraction pure, distorsions, exagérations donnent des espaces foisonnants et lumineux.       Arturo Mallmann, The Explorer ≠3 Courtesy Berman Turner Projects     Le second espace présente un autre artiste, contre-point étonnant du précédent, Arturo Mallmann, originaire de Montevideo : ses œuvres offrent un contraste surprenant entre l'aspect brut des matières, bois grossiers, formes approximatives, assemblages baroques, et l'extrême finesse des sujets, un petit personnage solitaire, presque fantomatique, perdu dans l'immensité de paysages évoquant les brumes chinoises. La couverture de résines de ces mêmes œuvres, parfois extrêmement lisse, parfois débordant en coulures grossières leur confère une épaisseur organique, mettant en distance ce personnage fragile et lointain. Il est étrange de découvrir une technique apparemment similaire qui aboutit à des ressentis aussi différents et divergents. Sensualité glacée du premier et poésie intimiste du second. Galerie remarquable et remarquée.       Cheryl Ann Thomas, Vessel 51, stoneware Courtesy Frank Lloyd Gallery     La Frank Lloyd Gallery présente les sculptures de Cheryl Ann Thomas - poteries légères réalisées avec des techniques anciennes, des fils de terre montés lentement en volumes à la limite de l'écrasement, œuvres sensibles, dont les couleurs naturelles, les gris sourds donnent une incomparable douceur à ces œuvres.       Nancy Jackson, Portrait of the Artist in Aspic, 2005 Courtesy Rosamund Felsen Gallery     Beaucoup de poésie encore à la Rosamund Felsen Gallery, avec le travail onirique de Nancy Jackson, sculptures féériques, issues du monde des elfes, peintures-miniatures fouillées, univers d'un monde enfantin perdu à jamais, réveillé avec une douceur paradoxale par la précision d'un geste évoquant le scalpel.       Horace Bristol ©2005 Frank Pictures Gallery. Media Rare Gallery.com     Long-Bin Chen, InfoHurricane, 2000 ©2005 Frank Pictures Gallery. Media Rare Gallery.com     Chez Frank Pictures Gallery, autour des photos de Horace Bristol, les étonnantes sculptures de livres de Long-Bin Chen. Et enfin, les minuscules formats hyper-réalistes de l'artiste allemand Piot Brehmer. "La" femme dans tous ses états, danseuse, prostituée, junkie, pubère, des poses comme des instantanés, pris sur le vif, volés à leur intimité. La puissance de l'infiniment petit format des sujets frappe et recentre après tant de formats monumentaux… Edith Herlemont - Lassiat Los Angeles, Janvier 2006     Piot Brehmer,#45, 2004 Courtesy Patricia Faure Gallery