"déclencheur
d'une nouvelle
logique
de publications
de travaux
photographiques
et visuels"
"do it yourself"
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Alors que Café Crème édition prépare son vingtième anniversaire, éditeur du premier et seul magazine photo au Luxembourg, paraît, enfin, un nouveau média alternatif dédié principalement à la photographie contemporaine.
Laurent David, jeune photographe, qui par son style dynamique et déconstructiviste a marqué les pages du "Nightlife" et de "Nico", agendas culturels de la jeune scène nocturne luxembourgeoise, a eu l'audace de se lancer dans cette périlleuse aventure de l'édition photographique.
Issu du répertoire technique de Photoshop le titre de la revue "Dust&scratches" annonce déjà avec un certain humour et une incontestable légèreté la démarche des éditeurs.
Pour les initiés, l'application du filtre Dust&Scratches de Photoshop pose souvent le dilemme du choix à opérer : éliminer les imperfections peut rendre l'image plus floue mais aussi effacer des éléments à tort. Pour s'en sortir il faut du talent et surtout beaucoup de sensibilité visuelle.
Laurent David, en véritable enfant du numérique, hésite à employer le mot trop connoté de photographie, comme si l'image aujourd'hui ne correspondait plus à cette "étymologie". En effet, on sent chez lui une spontanéité et un désir de décloisonner le monde de l'image par son travail fortement marqué par la décontextualisation et par la liberté esthétique avec laquelle il manipule le visuel.
Le titre renvoie aussi à l'expérimentation qui est aujourd'hui à la base de cette nouvelle culture de l'image que ce magazine aimerait défendre.
Plutôt que de reprendre le modèle de la revue photo habituelle, l'association qui porte aussi le nom de Dust&Scatches se veut le "déclencheur d'une nouvelle logique de publications de travaux photographiques et visuels".
Cette première publication présente à côté d'autoportraits et d'interviews de personnalités du milieu artistique luxembourgeois, deux portfolios d'artistes qui ont une sensibilité proche l'un de l'autre : Christian Aschman, photographe luxembourgeois habitant à Bruxelles et Laurent David, l'éditeur de la publication qui a voulu marquer ses positions par ce choix très personnel.
Sur le principe du "do it yourself" David a envoyé un questionnaire et un appareil photo jetable à huit professionnels de la médiation culturelle. Les conservateurs, curateurs, galeristes, journalistes et enseignants qui figurent dans ce premier numéro pouvaient ,selon leur inspiration, répondre à une partie ou à l'ensemble des questions et réaliser leur autoportrait pour la publication.
Pas d'éditorial, à moins que cette magnifique série "ombres et portées" d'Aschman fasse figure d'introduction ou que le portfolio suggestif de David "comme un éclair à l'âme" ne soit l'épilogue visuel de cette première édition.
Narrations photographiques, mouvements cinématographiques, vues intimes et regards volés, c'est ainsi qu'ils commentent visuellement notre quotidien en gardant chacun sa personnalité et en donnant à ce numéro 0 quelques pages fort réussies qui complètent des réflexions de critiques et qui sont mises en pages par un graphisme jeune et dynamique.
Dommage que l'éditeur se cache encore trop derrière l'artiste.
De format carré, cette première maquette a, néanmoins, remporté un franc succès dans les milieux culturels et alternatifs luxembourgeois. Affaire à suivre.
Paul di Felice Luxembourg, novembre 2003
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