Après beaucoup
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Et j'aime la campagne… Douze ans dèja qu'une aventure singulière a vu le jour dans la Brenne grâce à l'initiative d'un chef d'entreprise qui a décidé de transformer son usine toute moderne en centre d'art, située sur la commune de Prigny Concremiers, entre le Blanc et Chateauroux. Michel Le Brun étant lui-même plasticien, il a tenté de convaincre les autorités de la culture départementale et régionale de sa passion.
Après beaucoup de sacrifices personnels et financiers il a réussi à monter un grand nombre d'opérations de qualité. Malgré le peu d'équipements de la région, il n'a pas réussi à pérenniser cette action du fait du manque de conviction et d'engagement à long terme de ces mêmes autorités politiques et culturelles.
En 1991 une première exposition collective Paris-Concremiers montrait que le petit village avait pourtant compté le passage temporaire ou plus installé d'artistes et de personnalités comme Courbet, Henri de Monfreid, Soutine, le sculpteur Hiquiliy, ou encore l'un des plus grands peintres français des années 70, Gasiorowski et sa compagne artiste, Colette Portal. Un livre témoigne de cette lignée de singuliers qui font l'art moderne et contemporain. Avec notre Rédacteur en Chef, il présenta l'année suivante une importante exposition de photographie "Ecrans-icône" accompagnée d'un livre du même titre sur les pratiques baroques et maniéristes parmi les plasticiens. Soutenu par la fondation Kodak, ce livre recueillie un dialogue théorique entre les nombreuses reproductions le texte de Christian Gattinoni et un essai de Christine Buci Glucksmann.
Avec des arrêts et des reprises, dus toujours à la valse des hésitations de ses interlocuteurs institutionnels, il a ensuite mené chaque été des expositions monographiques autour du dialogue de deux artistes, alternant dessin, peinture, photographie, nouvelles technologies. Steve Miller, Bernadette Tintaud, Joan Soulimant, Jacques Haramburu, le peintre Charles Bell ont pu développer leur recherche dans ce beau cadre architectural.
En 1995 il monta en avant première l'importante exposition Julio Le Parc, reprise ensuite à l'Espace Electra.
Depuis 2001 le centre a arrêté ses activités. Michel Le Brun Franzaroli a repris en même temps que son nom de famille maternel ses activités de plasticien, bien qu'il ne les aient jamais abandonnées durant ces années. Orientées d'abord vers une écologie militante, puis vers une économie des biosphères on se souvient de ses totems, comme de ses marqueteries de plume du "Livre d'oiseau". Depuis la première guerre du Golfe il collectionne des vues d'actualités télévisées de scène de guerre qu'il imprime sur des moquettes de grande taille, l'actualité qui l'a rejoint nous montre ces oeuvres fortes dans le cadre de la manifestation désor(mai qu'il organise pour un long week end avec l'aide d'une jeune commissaire d'exposition, Kathy Alliou.
Trois jours de convivialité et de rencontre avec des artistes, de différentes générations, non pas un manifeste, juste une proposition autour de l'invitation d artistes à la campagne.
Il y retrouve son complice Philippe Hiquily qui quitte un moment ses matériaux de prédilection pour des encrages vidéo réalisés au synthétiseur sur divers supports. D'autres pratiques répondent à son engagement dans la même génération avec Christian Gattinoni et ses "Visages en résistance" (Galerie Claude Samuel) ou d'autres plus jeunes comme celle de Michel Alliou entre mural et graphisme, ou encore les belles figures marquées de lettrages peints par Nicolas Saulière. L'invitation faite à Guillaume Goutal et Frédéric Urto leur permet de présenter leur revue d'images expérimentales Orbe, qui recouvre ces mêmes préoccupations liées aux nouvelles possibilités éditoriales dans leurs nouveaux espaces technologiques.
La sculpture prend les figures géométrisantes des Formes à gonfler de Jean Claude Loubières, celle plus fantasmatique de nounours géant Yocosmo pour Ingrid Luche. D'autres dispositifs minimaux sont à l'œuvre dans une sorte de mise en scène archéologique de Stéphanie Ferrat tandis que Pascal Szkolnik transforme notre lecture de l'espace grâce une micro-machine de vision sous forme de gouttes.
Le corps et ses représentations au féminin sont traitées en lien avec la mythologie et "l'enlèvement" peint par Juliette Claro, sous forme de clichés d'enfance kitsch par Cecyl Gillet, de séquences vidéo où le récit se déroule selon une logique aléatoire chez Nadia Boursin-Piraud. Les photographies numériques de Vincent Royer (Galerie Renos Xippas) travaillent ces formes enveloppées en lien aux tissus décoratifs dans une fusion des espaces et des corps.
A propos de la question toujours actuelle des liens confus entre le "public" et le "privé" au sein de la société française et en ce qui concerne un réel engagement vis à vis de l'art contemporain, des réponses comme celles de cette manifestation qui s'ouvre à d'autres territoires, d'autres publics, ne sont absoluemnt pas à négliger. Elles démontre la vitalité des pratiques comme du terrain, et une forte demande souvent peu satisfaite.
Philippe Agéa Châteauroux, mai 2003
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