cubes béton intime doucement lumineuses viande à trous apparents |
Une porte étroite en haut de quelques marches, une petite fenêtre, trop haute pour laisser deviner ce qui est à l'intérieur, un goût manifeste pour la discrétion laissant la place à un certain mystère. Si l'on s'arrête à ces considérations extérieures, la galerie Lahumière, avec ses espaces cubiques, pourrait présenter quelques similitudes avec les œuvres de Denis Pondruel qu'elle expose.
La comparaison s'arrête bien sûr ici car les volumes proposés par l'artiste, s'ils sont cubiques, avec des "portes" et des "fenêtres", ne sont pas des architectures, et encore moins des espaces "pénétrables".
En effet, qui pourrait se vanter de pouvoir pénétrer un esprit humain.
Impénétrables donc, comme les cerveaux qu'ils évoquent, car derrière les différentes tentatives d'ouverture, ils gardent toujours une zone secrète.
Malgré le caractère provocant de certains titres comme viande à trous apparents, le secret de cette "chair inerte" créatrice de fulgurances et de poésie semble fasciner l'artiste qui explore inlassablement ces relations entre la pensée et la matière.
La matière prend sa forme la plus dure et la plus rigoureuse dans l'utilisation du béton, sans concession et sans séduction apparente, et qui acquiert pourtant une réelle qualité et présence dans les petits volumes gris de ces chambres de danse mentale.
La pensée s'instille au fond des volumes obscurs sous forme de phrases doucement lumineuses. Ces mots, qui sont aussi le titre des œuvres, ont souvent été choisis dans différents textes d'Antonin Artaud, ou d'Aragon, confirmant l'intérêt du sculpteur pour les œuvres de l'esprit.
Ils apparaissent comme des pensées fugaces, dans l'obscurité des blocs de béton. Inscrits en petits points brillants, ils conduisent la lumière ambiante à l'intérieur du volume, par la magie des fibres optiques, sans aucun artifice supplémentaire.
Belle manière d'évoquer notre perméabilité au monde et la façon dont il nous construit.
D'autres pièces de cette exposition ne font pas intervenir le langage mais accueillent de l'eau. Sans aucune référence à des récipients connus, elles explorent aussi cette autre façon de se représenter le spirituel. Evoquant au premier regard des citernes souterraines- ces architectures qui protègent et préservent l'eau- les sculptures laissent ensuite imaginer des circulations secrètes et des échanges de fluides qui leur donnent un caractère matriciel. Rencontre avec la chair, dans une même idée de création et de gestation.
C'est un voyage contrasté dans l'humain auquel nous pouvons nous livrer à travers l'apparente uniformité de ces petits volumes, une plongée intime dans les variations du sentiment d'être au monde et à soi-même.
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"Chambres de danse mentale", Galerie Lahumière du 18 janvier au 3 mars 2007
Wilhelmhackmuseum de Ludwigshafen am Rhein, du 24 mars au 28 mai 2007, Berliner strasse 23, D-67059 Ludwishafen, tél.: 0621-504 34 11
Art Cologne, du 18 au 22 avril 2007, stand Lahumière
Art Basel, du 13 au 17 juin 2007, stand Lahumière.
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