Un grand-petit livre, édité par La Lettre Volée, très dense et très pétillant au phrasé proche de celui d'Henri Van Lier.
Couverture du livre, La Lettre Volée
La où ce dernier parle de "séquentiel" (à prononcer en appuyant sur les syllabes), Pierre Sterckx parle de "jaillissement", de "fulgurance", une sorte de dialectique plastique issue de ce qu'il appelle une "zone d'indiscernabilité" ou "zone floue", lieu où Wim Delvoye réunit l'improbable, une sorte d'espace de contradiction et son inverse, et dont la résultante est cet état de grâce appelé Cloaca, Ring Jesus, Butagaz, etc., souvent chez lui particulièrement iconoclaste.
Ce territoire d'oppositions est d'autant plus évident qu'il est renforcé par cette perpétuelle dualité (ou "unité apaisante") de la surface et de la profondeur quel que soit son travail comme dans Blow où la radiographie pornographique montre en même temps l'intérieur et l'extérieur, la "chair astrale".
Ce territoire d'oppositions est d'autant plus évident qu'il est renforcé par cette perpétuelle dualité (ou "unité apaisante") de la surface et de la profondeur quel que soit son travail comme dans Blow où la radiographie pornographique montre en même temps l'intérieur et l'extérieur, la "chair astrale".
Blow, Wim Delvoye
Les cochons tatoués procèdent de la même intention, moteur de ce "devenir-animal", concept de Gilles Deleuze, et propos du livre. La rencontre Delvoye - Sterckx me semble être du même ordre, en y ajoutant l'humour présent à tous les étages : un bonheur…
La "double lecture" de l'ensemble de l'oeuvre est un cheminement de la "cohérence" au même titre, encore, que le livre lui-même : "le devenir-animal est le meilleur moyen d'échapper au statut de l'artiste marginalisé".Toujours dans cet état d'esprit, Pierre Sterckx nous parle de "singularité, d'un "écart de code à code", d'une "émulation" et achève son livre avec un "boeuf-crabe", une coquecigrue de Francis Ponge.
La "double lecture" de l'ensemble de l'oeuvre est un cheminement de la "cohérence" au même titre, encore, que le livre lui-même : "le devenir-animal est le meilleur moyen d'échapper au statut de l'artiste marginalisé".Toujours dans cet état d'esprit, Pierre Sterckx nous parle de "singularité, d'un "écart de code à code", d'une "émulation" et achève son livre avec un "boeuf-crabe", une coquecigrue de Francis Ponge.
Wim Delvoye, Chapelle, 2006, vitraux et chapelle métallique
Commande et Collection Mudam © Rémi Villaggi
Commande et Collection Mudam © Rémi Villaggi
Les parallèles sont flatteurs mais pas exagérés : le coyote de Beuys, le perroquet de Broodthaers, le crocodile de Panamarenko, etc.
Ce "devenir-animal" dans la "bouche-anus", le "Chris-Moebus", le "corps-machine" est, et cela me paraît très important, débarrassé de tout coté morbide : une réflexion positive qui devrait inspirer nombres de nos contemporains et prend à contre-pied la sur-mentalisation par une approche de la perception.
"Les interactions entre l'homme et l'animal doivent être pensées en termes de devenir et non d'identification" et bien plus, suis-je tenté de dire.
Ce "devenir-animal" dans la "bouche-anus", le "Chris-Moebus", le "corps-machine" est, et cela me paraît très important, débarrassé de tout coté morbide : une réflexion positive qui devrait inspirer nombres de nos contemporains et prend à contre-pied la sur-mentalisation par une approche de la perception.
"Les interactions entre l'homme et l'animal doivent être pensées en termes de devenir et non d'identification" et bien plus, suis-je tenté de dire.
Philippe Agéa
Bruxelles, octobre 2007
Bruxelles, octobre 2007
Dédicace de Wim Delvoye et Pierre Sterckx à l'Iselp