Paysages de Loire au Musée des Beaux Arts d'Orléans
Olivier Debré
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Olivier Debré

Olivier Debré

 
 
Troisième fils du professeur Robert Debré, fondateur de la pédiatrie moderne en France, de Jeanne Debat-Ponsan, médecin et petit-fils d'Edouard Debat-Ponsan, peintre. La galerie Louis Carré & Cie a été choisie par la famille d'Olivier Debré pour gérer son œuvre.

Adolescent, il est fortement influencé par les tableaux impressionnistes de son grand père. Il est imprégné par la lumière et les paysages de cette Touraine où la famille s'est implantée, notamment autour de la ville d'Amboise. Tout d'abord il s'installe dans la demeure de son grand père pendant les vacances d'été, puis celle de Vernou-en-Brenne dans la maison des Madères, acquise par son père en 1930.

Olivier Debré étudie l'Histoire de l'art à la Sorbonne et à l'Ecole des Beaux-Arts, section architecture. Il entre ensuite dans l'atelier de son oncle, Jacques Debat-Ponsan. Tout d'abord, il est marqué, lors de l'Exposition Internationale de 1937 à Paris, par le tableau "Guernica". Sa rencontre avec Picasso, vers 1941, lors de sa première exposition dans la galerie Aubry à Paris, va désormais influencer son orientation vers l'abstraction. A partir de 1946, dans son atelier de Cachan, il peint les désagréments de la guerre, en noir et blanc. L'angoisse de la vie devient celle de la peinture.

Il développe une peinture gestuelle, dans laquelle il restitue ce qu'il ressent. Cette renaissance à lui-même, exprime la révolution de sa prise de conscience en tant qu'homme. Une nouvelle spiritualité va naître: c'est l'émergence d'une abstraction lyrique. Il devient la tête de file de l'Ecole de Paris, entouré d'Hans Hartung, Nicolas de Staël, Serge Poliakov et Pierre Soulages. A partir des Années 60, il évolue vers un style fluide, lié à l'abstraction gestuelle. Il suggère le paysage par des monochromes rehaussés de quelques taches. Travaille beaucoup la matière et la sobriété des couleurs. Aux Etats-Unis, la découverte des peintures de Rothko, Kline, entre autres, l'inspirent également. Par n'importe quel temps, il s'installe à l'extérieur pour peindre. C'est la contemplation du paysage qui suscite son émotion, on peut parler d'un art organique. Olivier Debré fait alors partie intégrante du paysage. S'immerge, en Touraine, au bord de la Loire indomptable ou de la Cisse, petite rivière à la vallée célèbre.

Les formats s'agrandissent au fil du temps, deviennent gigantesques… Il développe un corps à corps avec ses toiles, marche sur la couche picturale, les pieds protégés par des sacs en plastique, ou utilise pour peindre un manche télescopique équipé d'une brosse. Cela le mobilise entièrement, donne à ses œuvres une véritable présence, une puissance très physique. "Lorsque je peins par terre, dit-il, il existe une adhésion physique, sensuelle, presque sexuelle." Il honore plusieurs commandes de rideau de scène, collabore avec Carolyn Carlson, réalise les costumes et les décors du ballet "Signes".
Né le 14 avril 1920 à Paris, décédé le 1er juin 1999: cette exposition s'articule sur trois périodes.

Dessins, 1945-1953, œuvres de jeunesse.

Ses fusains, ses gouaches, ses crayons et ses encres de Chine sur papier sont restés quelque peu inconnus, vingt-cinq d'entre eux sont exposés. La fascination de Picasso reste toujours présente.
Il oriente ses recherches sur le signe, dont il est le précurseur. Il reflète sa pensée par la suggestion ou la personnification. L'art informel, le noir/blanc, le contraste, réhauts par des lignes droites, des courbes concaves et convexes.
Suit une étape tachiste : le noir sur papier. Il lui semble indispensable de ne pas transcrire ce voile de souffrances toujours en suspens, les suites de la Deuxième Guerre mondiale

Peintures, "du visible au vécu".

"Le concert champêtre" de 1947-1952, marque une période charnière.
"Grande Blanche Touraine" de 1973 est inattendu, avec des concrétions en bordure, des gouttes d'eau, des traces de sable, une herbe, des brindilles, des éléments de vie extérieure se mélangent à la peinture. Olivier Debré travaille en aplat avec le couteau, la truelle. Il lui arrive d'ajouter de l'essence de térébenthine. Après avoir été peint à plat sur le sol, le tableau est relevé et présente des traces de ruissellement. Ce geste, qui laisse une place au hasard, à l'aléatoire, augmente l'intensité du tableau.

Ses monochromes, particulièrement, sont traités en conscience de la matière. Il pose sa toile soit sur un mur, un arbre ou à même le sol, mais jamais sur un chevalet.
"Coulée d'ocre mouvante" de 1997, est en couleurs nuancées, posées dans le prolongement du geste du corps avec quelques taches vives, des losanges, de la tourbe de Touraine…

Debré à Shangaï

Dix-sept photographies de Marc Deville, ancien reporter photographe à l'agence Gamma présentent dans cette expo les dernières créations de l'artiste en 1998 avant sa mort.
Le photographe a suivi Olivier Debré dans la campagne chinoise. Celui-ci, en collaboration avec deux peintres chinois, Jing Shijian et Xu Jiang, a entre autres réalisé le rideau de scène du nouvel Opéra de Shangaï, conçu par l'architecte français Jean Marie Carpentier, inauguré le 15 novembre 1998 avec une représentation du Faust de Gounod. On appréhende alors encore mieux la démesure de son travail.
 
Elisabeth Petibon
Bruxelles, mars 2008
 
 
Musée des Beaux d’Orléans, 1 rue Fernand Rabier, 45000 Orléans
tél : + 33 2 38 79 21 55, jusqu'au 24 mai 2008

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