Au moyen de ses photos, la jeune artiste chinoise nous confronte aux dérives d'un pays qui, après avoir vécu presque 50 ans de régime communiste, s'ouvre à une économie de marché. L'industrialisation, l'urbanisation et l'agrandissement du territoire de la ville au détriment de la campagne qui se vide, mais encore le chômage et l'appauvrissement grandissant des couches les plus démunies de la population, sont les conséquences de la reconversion économique chinoise.

Pour sa dernière œuvre, "Fiction Urbaine" (2004), Xing Danwen photographie la maquette des nouveaux quartiers de Pékin : un foisonnement d'immeubles anonymes a pris la place des quartiers historiques de la ville, des "géants en béton" envahissent le tissu urbain comme des métastases… Dans cette perfection de ciment, dans cette dimension aseptisée, la figure humaine est une intruse, un microorganisme gênant.
L'artiste introduit une pointe d'humour dans cette scène accablante ; son autoportrait, déguisé avec une perruche violette, regarde d'un air faussement paniqué un homme écrasé à ses pieds dans une flaque de sang… Dans ce désert glacial d'immeubles, même la mort paraît insignifiante, dérisoire.

disCONNEXION (A7), 2002-2003
Chromogenic Print mounted on aluminium, 148x120 cm
courtesy galerie Pièce Unique Paris, copyright Xing Danwen