les œuvres passent de deux dimensions à trois dimensions, et les points de visions sont multipliés
|
Le centre d'art contemporain de Delme, accueille Dan Walsh pour sa première exposition personnelle en France. L'artiste américain propose des compositions abstraites qui questionnent les mécanismes de perceptions dans des dispositifs variés en relation avec la dimension imposante du lieu.
Les œuvres de l'artiste au premier regard, semblent peu intéressantes. Dan Walsh répète constamment les mêmes éléments et cette répétition devient vite ennuyeuse. Les monochromes de couleurs vives, les cadres vides, les lignes droites, et les grilles de métal perforées ou les trames de tissus sont le vocabulaire de l'artiste. Les œuvres disposées apparemment aux hasard, sur une estrade ou sur pieds questionnent vite la géométrie : les lignes horizontales fonctionnent comme des étagères glissantes ou seraient disposés des rectangles vides ou pleins et les axes verticaux appellent les questions de pesanteur. L'artiste justifie cette géométrisation par notre environnement contemporain : tracés des villes, et de leurs rues perpendiculaires, architectures géométriques, images pixélisées, techniques de reproductions mécaniques…
Toutefois l'exposition devient intéressante lorsqu'on regarde et qu'on apprend à regarder au delà des tableaux et des installations. En effet, lorsqu'on observe à travers les grilles, derrières les monochromes, l'espace s'anime, les œuvres prennent vie, et on comprend alors qu'elles sont réalisées pour la vision. Dan Walsh axe tout son travail sur le visiteur, par des traces simples comme des traits au sol afin de positionner le spectateur, afin de révéler et d'occulter ses points de vue. Ces derniers se modifient selon son positionnement dans l'espace ; ainsi un possible, un au delà symbolique du tableau au profit d'une dimension humaine et perspective apparaît. De ce fait, "les écrans de visions" (cadres, grilles…) filtrent les perceptions et les œuvres passent de deux dimensions à trois dimensions, et les points de visions sont donc multipliés. En conséquence les œuvres entretiennent un rapport dialectiques entre ce qui est à percevoir et le sujet percevant.
Dan Walsh rappelle volontiers que cette répartition des œuvres reste ouverte, il ne s'agit pas de produire un objet ou des installations finies mais davantage de combiner des éléments de vocabulaire et d'émettre une proposition à un moment donné.
Comme pour ces œuvres, l'activité de Dan Walsh s'inscrit dans un processus, dans un au delà, plutôt que la recherche d'un ordre figé.
Clément Nouet Paris, janvier 2004
|