Il interroge
la relation
entre
psychisme et
architecture
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La Galerie Daniel Templon accueille jusqu'au 25 juillet les toiles monumentales de Philippe Cognée consacrées à l'architecture des villes : des images urbaines déconstruites et reconstruites, fruit d'une démarche originale et d'un regard personnel sur l'architecture urbaine.
Ces toiles représentant tour à tour Hong Kong, le Caire, Rome, Paris ou New York accrochent le regard tant par leur taille imposante que par les structures représentées : des monuments et paysages urbains disloqués, déstructurés et transformés, épousant les formes du regard personnel de l'artiste.
Fidèle à sa technique, Philippe Cognée poursuit ici un geste artistique entamé il y a maintenant plus de 10 ans : en utilisant une peinture à la cire, il repasse ses toiles à l'aide d'un fer, étalant et déformant les formes représentées sous l'effet de la chaleur. Le résultat est celui d'une réalité transfigurée : les formes éclatent, les couleurs fondent et se diphtonguent, l'image devient floue et imprécise.
Ici, Philippe Cognée explore des architectures urbaines en se basant sur des images de vidéos filmées, qu'il désassemble et ré assemble. Il interroge ainsi la relation entre psychisme et architecture : des monuments tels que le Centre Georges Pompidou, la Basilique Saint-Pierre de Rome ou le musée Guggenheim de Bilbao nous apparaissent non dans leur structure réelle et objective mais tels qu'ils existent dans notre mémoire. Ce que Philippe Cognée projette sur la toile, c'est sa vision personnelle de ces paysages urbains, la réalité altérée par le souvenir, des images de monuments filtrés par le prisme de la subjectivité de l'artiste. C'est ainsi que ces lieux connus de tous apparaissent tour à tour fondants sous la chaleur ou vus à travers une fenêtre embuée, restituant des impressions plutôt que des visions.
Ainsi, l'artiste s'accapare tous ces lieux et monuments alors que ceux-ci représentent des lieux importants ou hautement symboliques, tels la banque HSBC de Hong Kong. En juxtaposant réalité physique des monuments et réception esthétique, Phillippe Cognée saisit ces architectures urbaines dans leur intégralité, à la fois physique et objective, sensible et psychologique. A travers sa peinture interprétative, il parvient à s'approprier ces institutions hautement culturelles ou économiques, dévoilant une approche profondément originale.
Assia Kettani Paris, Juillet 2003
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