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Arbitraire
Absurdité Superstar |
Claude Closky est la nouvelle superstar de l’art français. Il est partout. Une exposition monographique qui vient de s’achever au CCC, des œuvres présentées à Beaubourg, une double page dans Libération, un site Internet pour le nouveau musée de la publicité et enfin des objets vendus chez Colette, la boutique la plus tendance du moment. Mais qui est ce jeune créateur, pourquoi un tel engouement ? Tout juste récompensé par le Grand Prix National du jeune talent arts plastique 1999, Claude Closky s’intéresse à notre société de consommation. L’un des principaux axes de sa pratique consiste à montrer l’arbitraire et l’absurdité des signes de la publicité. Chacune de ses pièces révèle combien cet océan d’images et de messages qui nous submergent sans cesse répond à une logique marchande dépourvue de la moindre originalité. Pour obtenir cet effet, Closky choisi l’accumulation, le détournement, la mise en boucle. Ses pièces peuvent donc aussi bien s’incarner dans un diaporama, des livres d’artistes, une série de dessins, des collages, des vidéos, voire un site Internet. Ainsi Appelez vite est une bande sonore constituée du collage des numéros de téléphone que les radios nous enjoignent à contacter. Envie, Nouveau est un collage visuel de ce vaste répertoire de phrases chocs et stupides qu’affectionne la publicité. Dans Guili-Guili, Closky se réapproprie les images des magazines et les agrémente d’onomatopées sans queue ni tête . L’ensemble déconcerte par sa simplicité, son efficacité à nous entraîner dans une sorte de jeu où nous tentons d’en deviner par avance les multiples développements. Car il y a aussi chez Closky une peur panique de l’inactivité, une volonté de jouer et rebondir sans cesse sur les multiples événements de nos vies, sur notre environnement le plus immédiat. " Je me demande ce que je vais bien pouvoir faire… Je me dis que je n’ai vraiment pas d’idée, et c’est mon point de départ : je vais montrer que je n’ai vraiment pas d’idée. Et je me sers de cette incapacité à faire quoi que ce soit pour pouvoir faire quelque chose ". Or, quoi de plus omniprésent que les médias et la publicité dans nos vies quotidiennes. L’art de Closky est bien un art de la distraction, un art du détournement. C’est aussi une manière de réagir immédiatement aux plus petites inflexions de notre société. Closky serait donc un enfant de la pub ? Rien de moins sur ! Son regard est dénué de toute nostalgie. Pour ce jeune artiste, les signes marchands sont avant tout de puissants vecteurs d’aliénations. A nous d’en prendre l’exacte mesure face à des pièces ou sans cesse le rire se mêle à l’effroi.
Damien Sausset |
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