La Biennale de Lyon, exporevue, magazine, art vivant et actualité
Un Jeu dangereux
 
C'est à un jeu que nous convie la Biennale de Lyon 2007. Un jeu où 49 critiques, commissaires d'expositions et 14 artistes du monde entier proposent de rompre avec le conformisme et le consensus des styles, des mouvements, des générations, voire du marché qui ont envahi la scène de la création plastique contemporaine depuis longtemps.
 
 
Biennale de Lyon
 
 
Exercice dangereux tant il est difficile de faire émerger des talents nouveaux dans un milieu ou l'inconnu est à priori insignifiant, banal ou tout simplement "mauvais". Stéphanie Moisdon et Hans-Ulrich Obrist a qui Thierry Raspail avait donné cette mission n'ont pas eu la tâche facile et il faudra laisser passer un peu de temps pour s'aventurer à formuler un diagnostic. Le premier résultat est sans doute l'exaspération des "experts" qui, parcourant les salles de la Sucrière, du Musée d'Art Contemporain, de la fondation Bullukian ou de l'Institut d'Art Contemporain à Villeurbanne, ne trouvaient pas leurs repères et proclamaient un peu vite la nullité générale.
Pourtant le parti pris aventureux des protagonistes ne les a pas empêché de tomber dans un traquenard car le panorama hétéroclite présenté tombe dans le conformisme aussi ; un conformisme nouveau style, mais un conformisme quand même : vidéos un peu partout, installations les plus variées, refus des outils et moyens traditionnels, presque toujours la provocation et un soi-disant "message" politique et social qui répète à l'infini toujours le même mal-être et le refus d'une société qui pourtant permet à ces "artistes" d'exister, sinon de profiter de la situation.
 
 
Biennale de Lyon
 
 
La Biennale de Lyon 2007 apparaît comme la caisse de résonance d'une société qui voit tout en noir, à l'image des affiches posées au sol d'Erick Beltran : "sales arabes, sales riches, sales Français, mort aux laides…". Il n'en ressort pas une vision claire ou linéaire de l'art en devenir. L'objectif affiché dans le titre, "L'histoire d'une dècennie qui n'est pas encore nommèe", parait se perdre faute de repères. On entre plutôt dans un sorte de réseau qui, à l'instar des structures de François Morellet, n'échappe pas à une logique implacable, sans espoir ni perspective. Les sources et les références se trouvent au Tate modern, Arco, dans les dédales des biennales de Venise, du Whitney museum, de Shangai, San Paulo, à Manifesta, en parcourant les revues Frog, Frieze, Flash Art, Parket et d'autres qui apparaissent comme les piliers indispensables d'un art contemporain de plus en plus maussade, gratuitement pessimiste, voyeur, élitiste, branché et éloigné du public.
 
 
Bernard Blum
Lyon, octobre 2007

La Biennale de Lyon, du 19 septembre 2007 au 6 janvier 2008. La Sucrière, Institut d'art contemporain de Villeurbane, Fondation Bullukian, Musée d'art contemporain, tél. : +33 (0)4 72 07 41 41, www.biennale-de-lyon.org/

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