là, le monde
commence…
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Napoli, Naples : de là, on prend tous les bateaux vers toutes les îles, les Eoliennes aux volcans mythiques et présents, Capri qui se fait belle pour ses visiteurs conquis d'avance, mais aussi, une autre île, restée très napolitaine, comme un vrai quartier populaire de cette ville où les sens interdits sont sans raison : l'île de Procida. Pour y aller, un de ces gros bateaux de passage vous y emmène assez vite, quel que soit le temps, de l'été très chaud à l'hiver où le vent glacé peut même amener de la neige sur la baie de Naples, je l'ai vu.
Un jour, un photographe rêvait au bastingage : il vivait enfin toutes les odeurs de Naples, et prenait, donc, le bateau pour l'île de Procida… A la différence près, qu'au lieu, comme tous les autres ou presque, de faire des photos en "couleur", comme on dit, il regardait l'horizon mouillé des vagues dont l'écume trempait son objectif, par le viseur de son petit appareil en plastique "pour enfant", comme un enfant heureux, en fait ! Fasciné par la vue, le son et l'odeur des vagues, il en fit plusieurs, et traduisit l'ensemble de ces sensations en choisissant un triptyque, une suite presque cinématographique, plutôt qu'une image seule.
Et du coup, c'est le bruit de la vision des vagues claquant avec force contre le bateau, qui fut traduit, un balancement, un tangage de la mer quand elle se déchaîne : ces trois images nous font totalement nous immerger dans ce moment, nous sommes avec lui en mer, en route vers l'île, nous reculons quand la vague explose avec fracas. Voici le quai de Procida : le/nous voici arrivé (s) sur ce ponton cubiste, désordonné, néoréaliste, ultime quartier de Naples, où l'on s'attend à croiser de jeunes Sophia Loren, et où on se sent si heureux de vivre (et de voir en photo). Ce soir des spaghettis ? Yannick marche sur le quai : là, le monde commence…
Bernard Plossu Napoli, juillet 2003
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