Artiste brésillienne
Oeuvres "métisses"
Couleurs des indiens
Formes européennes
Technique de transfert
Beauté du métissage
Harmonie pacifiste
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La calme campagne bretonne, ses prés, ses forêts et ses landes se réjouit d'être le lieu d'expression d'un particularisme local que l'on disait démodé, sort partagé par bien des régions et des peuples à travers le monde.
Ainsi comme un écho, qui sait un support, aux aspirations celtiques de la région qui a beaucoup souffert d'une assimilation que certains appellent répression, le centre d'art de Kerguehennec a ouvert ses portes à une artiste brésillienne, Beatriz Milhazes, née en 1960 à Rio de Janeiro, dont les oeuvres "métisses" parlent à ceux qui connaissent le continent américain, ses terribles conflits de civilisations, les épreuves d'une colonisation sanglante, la condition misérable imposée à ses populations indiennes.
Tout d'abord ce qui frappe, c'est l'éclat des couleurs et la liberté des formes. Si au premier coup d'oeil on croit reconnaître les cercles concentriques de Delaunay et les libertés graphiques de Kandinsky et de bien d'autres artistes contemporains qui hantent les galeries et les musées outre Atlantique, on se rend bien vite de l'évidence : les jaunes, les verts, les bleus, les rouges, sériels ou concentriques sont les couleurs que colportent encore les indiens du continent américain, au Guatemala, au Salvador ou au Brésil sur leurs étoffes ; ces couleurs que déjà les indiens, incas ou autres, affectionnaient à l'époque pré-colombienne.
Ces impressions de couleurs se mélangent, se métissent, comme le furent ces peuples, avec des formes, des fleurs, des roses, venues d'un autre monde, le nôtre, celui de l'Espagne ou du Portugal colonisateur.
Cette volonté de sur-impression se manifeste et se renforce par la technique originale de transfert de couleurs sur le support que Beatriz Milhazes emploie avec une grande dexterité. Pour terminer et éclairer cette exposition, à ceux qui n'auraient pas saisi le message, au cours de sa récente résidence à Kerguehennec, au lieu de transferer des couleurs, avec plus de clarté, elle collera des emballages de confiseries de firmes bien européennes. Mais cette oeuvre ne se veut pas revancharde.
Elle clâme au contraire la beauté du métissage. Parfois de façon habillement explicite et discrète par l'apport de sigles pacifistes bien connus, elle chante l'harmonie qui devrait resulter d'une paix partagée entre les peuples de la terre.
Bernard Blum Bretagne, novembre 2003
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