nous
emmène
dans un
maelström
d'émotions
puissantes
Intérieur du Nomadic Museum avec "Ashes and Snow" de Gregory Colbert
Le Nomadic Museum est en lui-même une création saisissante. La scénographie est aussi importante que l'œuvre présentée, contenant et contenu en parfaite résonance.
L'immense musée "Nomade" a été spécialement créé pour l'exposition itinérante de Gregory Colbert "Ashes and Snow" par Shigeru Ban, architecte japonais réputé pour son approche écologique. Ce lieu unique de 5000 m2 est bâti comme un temple gigantesque, ses murs sont réalisés avec une armature de 152 containers métalliques disposés en quinconce, des colonnes vertigineuses recouvertes de matériaux naturels confèrent à l'ensemble cette allure étrange de cathédrale éphémère et la structure aérienne de présentation des quelque 100 très grandes photographies de Colbert dans une ambiance musicale épurée, juste entrecoupée de textes en voix off, extraits de ses lettres quotidiennes destinées à une mystérieuse amie, nous amène immédiatement dans des espaces de méditation personnelle.
Une centaine de très grandes photographies, deux films en 35 mm, dont l'un de 45 minutes projeté sur un écran gigantesque de 100 m2, des musiques planantes, et des textes en voix off, "Ashes and Snow" nous emmène dans un maelström d'émotions puissantes.
"Ashes and Snow" a été présentée pour la première fois à l'Arsenal de Venise en 2002, avant que le Nomadic Museum ne soit conçu et l'exposition soit présentée sous sa nouvelle forme en 2005 à New York au Pier 54 sur l'Hudson River, à l'emplacement même du Titanic. Elle est aujourd'hui aux portes de Los Angeles, à Santa Monica, on la retrouvera ensuite à Pékin, puis à Paris.
Gregory Colbert est né à Toronto, il a produit sa première exposition "Time Waves" en 1992 en Suisse et au Japon, et a depuis organisé une trentaine d'expéditions en Ethiopie, à Ceylan, en Inde, en Birmanie… photographiant des espèces protégées, faucons pèlerins, meerkats, éléphants… avec des danseurs en transe, des moines birmans, des membres du peuple San, et lui-même en plongée libre avec les baleines, filmant ces instants magiques de fusion entre les hommes et l'animal, ces moments fragiles d'harmonie absolue, ces moments de grâce.
"Being amazed by Nature is the lifeblood of Ashes and Snow"
"Etre subjugué par la nature est la sève de Ashes and Snow"
L'immensité du lieu avec sa majesté éphémère et paradoxale ne ressemble à rien de déjà vu, nous quittons le réel pour entrer dans un espace onirique et pourtant tangible, nous devenons les témoins silencieux d'un Eden lointain, de moments uniques, suspendus, où les règnes humain, animal et végétal fusionnent dans une fluidité totale. Fluidité accentuée par la lenteur des images des deux films de l'artiste. Nous sommes face à un théâtre dont la nature même est l'acteur principal. Les photographies de deux mètres carrés présentées en suspension, rigoureusement alignées rythment notre découverte. Presque monochromes, proches du sépia, subtilement ombrées de tonalités bleues, elles sont imprimées sur des lais de tissus et conçues comme des oeuvres de la Renaissance : cadrage, construction rigoureuse, ombres et lumières, détails des drapés des tissus, en résonance avec les plis des peaux, densité des chairs, parallèle ou convergence des regards, tout contribue à faire de chacune plus qu'une photographie, elles deviennent des tableaux et ont une valeur iconographique particulière.
Le temps s'arrête…
"If you come to me at these moments, your minutes will become hours, your hours will become days, and your days will become a lifetime…"
"Si vous venez vers moi en ces instants, vos minutes deviendront des heures, vos heures deviendront des jours et vos jours deviendront une vie"
La valeur onirique de l'ensemble est saisissante. Arche de Noé, mémoire d'un lieu mythique de Paix et de fluidité. La douce lenteur du film, écho parfait des photographies, nous berce dans un espace de rêve de Paradis perdu…
"Remember your dreams"
"Souvenez vous de vos rêves"
Leitmotiv en voix off ; Colbert nous ramène à une pensée intime, la sienne qui résonne en nous, écho de notre poésie latente, effleurement de nos rêves, la pensée s'envole, l'âme la rejoint, doucement, doucement…
"Feather to fire, fire to blood, blood to bone, bone to marrow, marrow to ashes, ashes to snow"…
"De la plume au feu, du feu au sang, du sang aux os, des os à la sève, de la sève aux cendres, des cendres à la neige"
Répétés inlassablement, ces mots étranges nous bercent, nous interrogent, et laissent des traces subtiles et mystérieuses sur lesquelles rebondissent nos rêves. Ce sont les bribes des ces lettres adressées à l'"amie", reflets décousus d'une rêverie quotidienne, haïkus, promesses d'éternité, voyages dans l'intime offert à nos consciences de citadins, évocations de mythes indiens, de mémoires anciennes, traces de sagesse universelle…
"I want you to see through the eye of an elephant"
"I want you to join the dance that has no steps"
"I want you to become the Dance"
"I hope they remind me of who I am, may the gardians elephants hear my wish to collaborate with all musicians of nature's orchestra"
"I see the moon more clearly, i gaze upon all the Edens that have fallen in me, I saw Edens that I had held in my hands, but let go, I saw promisses i did not keep, wounds I did not heal, tears I did not share, prayers I did not answer…, dreams I did not live, all that was offered to me, and I did not accept".
"Je veux voir à travers l'œil de l'éléphant"
"Je veux que vous rejoigniez la danse qui n'a pas de pas"
"Je veux que vous deveniez la Danse"
"J'espère qu'ils me rappelleront qui je suis, puisse le gardien des éléphants entendre mon souhait de collaborer avec tous les musiciens de l'orchestre de la Nature"
"Je vois la lune clairement, j'observe tous ces Edens qui ont résonné en moi, j'ai vu des Edens que j'avais dans la main et qui m'ont échappé, j'ai vu des promesses non tenues, des blessures non soignées, des larmes que je n'ai pas partagées, des prières auxquelles je n'ai pas répondu…, des rêves que je n'ai pas vécus, tout ce qui m'était offert, et que je n'ai pas accepté"
La portée de ces textes m'évoque les Vanités, les paradis perdus et la grande illusion humaine… Humilité de l'homme face à ses manquements et à la Mère Nature.
L'immense musée "Nomade" a été spécialement créé pour l'exposition itinérante de Gregory Colbert "Ashes and Snow" par Shigeru Ban, architecte japonais réputé pour son approche écologique. Ce lieu unique de 5000 m2 est bâti comme un temple gigantesque, ses murs sont réalisés avec une armature de 152 containers métalliques disposés en quinconce, des colonnes vertigineuses recouvertes de matériaux naturels confèrent à l'ensemble cette allure étrange de cathédrale éphémère et la structure aérienne de présentation des quelque 100 très grandes photographies de Colbert dans une ambiance musicale épurée, juste entrecoupée de textes en voix off, extraits de ses lettres quotidiennes destinées à une mystérieuse amie, nous amène immédiatement dans des espaces de méditation personnelle.
Une centaine de très grandes photographies, deux films en 35 mm, dont l'un de 45 minutes projeté sur un écran gigantesque de 100 m2, des musiques planantes, et des textes en voix off, "Ashes and Snow" nous emmène dans un maelström d'émotions puissantes.
"Ashes and Snow" a été présentée pour la première fois à l'Arsenal de Venise en 2002, avant que le Nomadic Museum ne soit conçu et l'exposition soit présentée sous sa nouvelle forme en 2005 à New York au Pier 54 sur l'Hudson River, à l'emplacement même du Titanic. Elle est aujourd'hui aux portes de Los Angeles, à Santa Monica, on la retrouvera ensuite à Pékin, puis à Paris.
Gregory Colbert est né à Toronto, il a produit sa première exposition "Time Waves" en 1992 en Suisse et au Japon, et a depuis organisé une trentaine d'expéditions en Ethiopie, à Ceylan, en Inde, en Birmanie… photographiant des espèces protégées, faucons pèlerins, meerkats, éléphants… avec des danseurs en transe, des moines birmans, des membres du peuple San, et lui-même en plongée libre avec les baleines, filmant ces instants magiques de fusion entre les hommes et l'animal, ces moments fragiles d'harmonie absolue, ces moments de grâce.
"Being amazed by Nature is the lifeblood of Ashes and Snow"
"Etre subjugué par la nature est la sève de Ashes and Snow"
L'immensité du lieu avec sa majesté éphémère et paradoxale ne ressemble à rien de déjà vu, nous quittons le réel pour entrer dans un espace onirique et pourtant tangible, nous devenons les témoins silencieux d'un Eden lointain, de moments uniques, suspendus, où les règnes humain, animal et végétal fusionnent dans une fluidité totale. Fluidité accentuée par la lenteur des images des deux films de l'artiste. Nous sommes face à un théâtre dont la nature même est l'acteur principal. Les photographies de deux mètres carrés présentées en suspension, rigoureusement alignées rythment notre découverte. Presque monochromes, proches du sépia, subtilement ombrées de tonalités bleues, elles sont imprimées sur des lais de tissus et conçues comme des oeuvres de la Renaissance : cadrage, construction rigoureuse, ombres et lumières, détails des drapés des tissus, en résonance avec les plis des peaux, densité des chairs, parallèle ou convergence des regards, tout contribue à faire de chacune plus qu'une photographie, elles deviennent des tableaux et ont une valeur iconographique particulière.
Le temps s'arrête…
"If you come to me at these moments, your minutes will become hours, your hours will become days, and your days will become a lifetime…"
"Si vous venez vers moi en ces instants, vos minutes deviendront des heures, vos heures deviendront des jours et vos jours deviendront une vie"
La valeur onirique de l'ensemble est saisissante. Arche de Noé, mémoire d'un lieu mythique de Paix et de fluidité. La douce lenteur du film, écho parfait des photographies, nous berce dans un espace de rêve de Paradis perdu…
"Remember your dreams"
"Souvenez vous de vos rêves"
Leitmotiv en voix off ; Colbert nous ramène à une pensée intime, la sienne qui résonne en nous, écho de notre poésie latente, effleurement de nos rêves, la pensée s'envole, l'âme la rejoint, doucement, doucement…
"Feather to fire, fire to blood, blood to bone, bone to marrow, marrow to ashes, ashes to snow"…
"De la plume au feu, du feu au sang, du sang aux os, des os à la sève, de la sève aux cendres, des cendres à la neige"
Répétés inlassablement, ces mots étranges nous bercent, nous interrogent, et laissent des traces subtiles et mystérieuses sur lesquelles rebondissent nos rêves. Ce sont les bribes des ces lettres adressées à l'"amie", reflets décousus d'une rêverie quotidienne, haïkus, promesses d'éternité, voyages dans l'intime offert à nos consciences de citadins, évocations de mythes indiens, de mémoires anciennes, traces de sagesse universelle…
"I want you to see through the eye of an elephant"
"I want you to join the dance that has no steps"
"I want you to become the Dance"
"I hope they remind me of who I am, may the gardians elephants hear my wish to collaborate with all musicians of nature's orchestra"
"I see the moon more clearly, i gaze upon all the Edens that have fallen in me, I saw Edens that I had held in my hands, but let go, I saw promisses i did not keep, wounds I did not heal, tears I did not share, prayers I did not answer…, dreams I did not live, all that was offered to me, and I did not accept".
"Je veux voir à travers l'œil de l'éléphant"
"Je veux que vous rejoigniez la danse qui n'a pas de pas"
"Je veux que vous deveniez la Danse"
"J'espère qu'ils me rappelleront qui je suis, puisse le gardien des éléphants entendre mon souhait de collaborer avec tous les musiciens de l'orchestre de la Nature"
"Je vois la lune clairement, j'observe tous ces Edens qui ont résonné en moi, j'ai vu des Edens que j'avais dans la main et qui m'ont échappé, j'ai vu des promesses non tenues, des blessures non soignées, des larmes que je n'ai pas partagées, des prières auxquelles je n'ai pas répondu…, des rêves que je n'ai pas vécus, tout ce qui m'était offert, et que je n'ai pas accepté"
La portée de ces textes m'évoque les Vanités, les paradis perdus et la grande illusion humaine… Humilité de l'homme face à ses manquements et à la Mère Nature.
Edith Herlemont-Lassiat
Santa Monica, Février 2006