Richard Laillier, 1999
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La foire internationale d'art contemporain de Bruxelles ne peut pas rivaliser avec les grand'messes de Cologne, Bâle, Paris ou Berlin, et c'est tant mieux. Comme son édition de 1999, qui s'est achevée mardi 27 avril, l'a confirmé, ArtBrussels s'impose depuis quelques années comme une foire d'un très bon niveau, cohérente, dense, et très appréciée d'une certaine catégorie d'amateurs. Les conservateurs de musées, les auctioneers internationaux et les grands collectionneurs américains et japonais ne se pressent pas dans ses allées et laissent la place à des visiteurs passionnés et avertis, n'hésitant pas à mettre la main au portefeuille pour soutenir leurs tentations et la création contemporaine.
ArtBrussels, cependant, n'est pas une jeune foire : c'est même une des plus anciennes, qui jusqu'en 1997 restait tous les deux ans la vitrine du marché de l'art belge, avec une attirance marquée des organisateurs pour les nouvelles technologies et l'art conceptuel. Depuis cette date, l'événement est devenu annuel et s'est ouvert aux galeries internationales et à une plus large représentativité des différents courants de l'art contemporain. L'exceptionnel cru 1998 avait ainsi pu réunir dans une grande euphorie des installations de Gilberto Zorio chez Baronian, et des sculptures en béton patiné de Solvès chez Henry Bussière. Ce dernier faisait partie, avec Claude Bernard, des grands absents de cette année.
En dépit de quelques stands aberrants, comme celui de De Zwarte Panter, on pouvait retrouver la traditionnelle et efficace collaboration de la Galerie Isy Brachot avec Panamarenko, les étonnantes sculptures en schiste d'Anne-Marie Klenes au Triangle Bleu, galerie de Stavelot en Belgique, ou le très beau stand de la galerie Buchmann (de Cologne) qui présentait la seule sculpture importante du salon, une compression de chrome de John Chamberlain. La photographie prend une place grandissante dans ArtBrussels : déjà présent l'an dernier, Baudoin Lebon montrait des tirages récents du dérangeant Joël-Peter Witkin, et la Galerie Van Laere d'Anvers exposait notamment de belles photographies de Luca Pancrazzi et des tirages récents de Dieter Appelt.
Le stand de la Galerie Krief faisait écho à la très belle exposition personnelle de Nils Udo qu'elle lui consacre dans ses locaux parisiens, et Bernard Utudjian (Galerie Polaris) rappelait au bon souvenir des visiteurs que les photographies de chantier de Stéphane Couturier, aujourd'hui très demandées, figurent depuis longtemps en bonne place dans ses accrochages collectifs. L'Espagne était représentée notamment par la Fabien Fryns Gallery domiciliée à Marbella bien que Belge de son état, qui exposait d'exceptionnels tirages photographiques de grand format de Robert Silvers, jouant sur une ambiguïté de sens propre à ce médium.
Parallèlement, beaucoup de visiteurs se sont surpris à prendre pour des photos les dessins de Richard Laillier, présenté en one-man-show à la Galerie Fred Lanzenberg. Une pénétrante peinture de Michael Irmer, sur la cimaise extérieure de ce stand, accrochait les visiteurs à l'entrée d'ArtBrussels, comme pour les inciter à revenir...
François Dournes
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