Véritable
révélation
Objets rituels
Variété
des matériaux
Art sensuel
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La Nouvelle-Guinée est un pays étrange et mystérieux. Coincée entre l'Australie et les Philippines, sa géographie fut longtemps incertaine. En effet, rares étaient les explorateurs qui osaient s'aventurer dans ces contrées grandes comme la France et l'Allemagne réunies. Montagnes, marécages, grandes plaines côtières, forêts luxuriantes rendaient toute colonisation délicate. Aujourd'hui encore, le réseau routier reste embryonnaire; aucune voie de communication n'est vraiment fiable.
C'est sans doute pour cette raison que les Papous furent l'objet d'incertitudes et d'interrogations.
L'exposition qui leur est aujourd'hui consacrée à la Vieille Charité de Marseille constitue donc une véritable révélation. Dès l'entrée dans la chapelle, un espace multimédia propose des cartes géographiques, des enregistrements sonores et des films ethnographiques. De cette présentation fort bien faite, nous comprenons que ce monde est composé de centaines de communautés et d'ethnies aux coutumes et aux objets rituels fort différents les uns des autres.
Cette île détient d'ailleurs le record du monde de langues parlées, soit près de 700. Au sein de cette constellation de tribus et de communautés, deux types de populations sont identifiables: les Papous et les Austronésiens. Arrivés par l'Australie il y a environ 50 000 ans, les Papous s'établissent principalement dans les zones intérieures de l'île. Les Austronésiens s'établissent là vers le Cinquième millénaire avant J.C.
Dès les premières salles, l'on reste stupéfait par l'extraordinaire variété des matériaux employés, par la beauté des couleurs et surtout par le registre très étendu des objets que l'on peut voir. Masques, pagaies, cuillères, bols, tambours, ornements de pirogue, statuettes d'animaux, boucliers, crânes sur modelés, mannequins funéraires ponctuent des vitrines classées par ethnies. Dans chaque salle, un ensemble de "box" permet d'écouter chants et danses. Autant dire que petit à petit, l'émerveillement gagne les visiteurs devant l'extraordinaire beauté de ces objets autrefois collectionnés par les surréalistes.
Loin de l'austère beauté des uvres africaines, l'art papou est un "art" sensuel qui puise sa puissance dans l'étroite symbiose entre la nature et ces peuplades. Rarement exposition d'art primitif n'aura autant surpris, charmé et bouleversé. C'est d'ailleurs, l'une des premières réflexions faite par Jacques Chirac à la sortie d'une visite impromptue.
A voir de toute urgence puisque cet ensemble d'uvres exceptionnel ne sera sans doute jamais réuni pour d'autres présentations.
Enfin, signalons l'excellent catalogue qui prolonge avec intelligence l'étude de ces peuplades aux sensibilités si différentes.
Damien Sausset
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