Vu par le petit bout de la lorgnette d'un galeristeArt Amsterdam : la Foire, pas la foire…
Poul Anker Bech, Denemarken, 1942, "Gloaming Thunder over the sea", 2007
Lea Asja Pagenkemper, Duitsland, 1976, "Time", 2008
Yasumasa Morimura, Japan, 1951, "Frida Kahlo", Fotografie
Essam Marouf, Egypte, 1958, "zonder titel", 2007
Andy Warhol, VS, 1928-1987, "Shoes", 1980
Carl Emanuel Wolff, Duitsland, 1957, "Golf player with deers", 2007, gemengde techniek |
Une foire est un lieu de commerce, pas un musée éphémère, En payant 18€ pour y entrer, seuls les vrais motivés y viennent. En Hollande, on sait vendre de l'Art contemporain. On y pratique un crédit gratuit jusqu'à 36 Mois, et sur les cartels de certains marchands, le montant mensuel est même inscrit sous le titre et les informations sur l'œuvre. D'ailleurs, pour bien enfoncer le clou, un stand est dédié à ce crédit gratuity, permettant aux néophytes de se renseigner ouvertement et en public, car ici faire une acquisition n'est pas un tabou.
Et pourtant nous sommes en Europe, l'uniformisation tant décriée par les uns n'est pas encore si palpable concernant le marché de l'art, qui reste le fait du ou des prince(s) en France, en Belgique et ailleurs. Comment se fait-il que ce système si simple ne soit pas appliqué par les autres membres de l'Union, et pourquoi pas par la Communauté Économique Européenne ? L'art est-il hors communauté, hors économie ? Pour l'instant, les marchands français qui viennent ici régulièrement se subsituent eux- mêmes aux banquiers. Bref, ça marche. Attentif, un public éclairé qui regarde, scrute, entre dans les stands et interroge. Il veut comprendre, savoir. Un public raffiné qui se concentre sur ce qu'il voit, découvre et cherche. Et la presse suit. Presque tous les artistes auront eu leur article, tous les goûts sont au goût du jour, sans rejet fratricide… Il faut encore signaler que l'accueil fait à la presse est tout à fait exemplaire. Une moquette de belle qualité permet de pénétrer en douceur le salon, violette pour les 3 zones de restauration de très bonne tenue, service, accueil etc. Quelques spots au design subtil, stratégiques, viennent ponctuer un éclairage de néon et de lumière du jour : le palais des exposition est un ravissement d'architecture fonctionnelle. Les cloisons de 4 mètres de haut sont enduites et peintes, créant un effet d'espace et de confort, d'autant que les allées sont larges, et jamais on ne distingue un bon d'un mauvais emplacement, nerf de la guerre pour les marchands. Les galeristes sont avenants, conversant tranquillement, une grande tasse de café à la main. Les points rouges sont nombreux, il faut répéter que toutes les conditions sont réunies pour que la foire ne ressemble pas à un musée éphémère. La grande qualité de la sélection des œuvres participe bien entendu à la réussite de l'ensemble, elles sont accessibles au public, lui sont destinées. Il ne s'agit pas de réunir des marchands entre eux pour célébrer un culte, mais bien d'accomplir un rendez-vous entre les marchands et le public. Il ne s'agit pas d'impressionner mais d'éduquer, c'est plus long. Et les prix sont à la mesure du défi ; On peut se prendre à découvrir un “jeune talent” pour 150€, trouver un multiple pour 3 ou 400€ ou bien une œuvre rare pour quelques centaines de milliers d'euros. On peut d'ailleurs retrouver cette grande variété de prix dans un seul et même stand. Pas de discrimination affichée de la valeur d'un “reconnu” ou d'un “émergent”, la question n'est pas là. Seule est la question de l'Art. La belle tenue des stands, des allées et du palais qui les accueillent, ne sauraient-être un fin en soi. La grande diversité des œuvres ainsi que la qualité des propositions artistiques font incontestablement de la foire d'Amsterdam un rendez-vous incontournable pour les collectionneurs. Sculpture, peinture, photo, video, arts numériques, installations, tout y est très bien représenté, avec une mixité que l'on peut souhaiter voir se développer ailleurs, les galeries n'hésitant pas à proposer divers médiums sans appréhension. Et la réussite est aussi dans l'accrochage, exceptionnellement chargé si justifié, essentiellement élégant dans la grande majorité des stands, chacun ayant à cœur de reproduire les conditions de galerie. Une foire en bon ordre qui donne le sentiment que l'art n'est pas qu'un effet de la mode ou de telle spéculation. On y achète "avec les yeux", non "avec les oreilles", et le niveau s'en ressent, évidemment… Jean-Christophe Caspar
Amsterdam, mai 2008 Art Amsterdam 2008 : www.kunstrai.nl
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