un vide sidéral
de la pensée,
un fourre-tout
sans queue ni tête
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Lucien Clergue, lors de la conférence de presse des 33ème RIP, avait calmé la polémique qui faisait rage sur la manière d'aborder Arles. Il expliquait qu'en provencal on dit aller "dans" Arles et non "en" Arles (ce qui selon certains ne s'appliquent qu'aux villes papales, mais bon passons…).
Cela devait rassurer les journalistes inquiets de devoir traduire RIP par "Rest In Peace" devant les différentes incohérences ou voltes-faces lors des choix et des missions des directeurs Artistiques qui avaient gravement secouées les Rencontres passées.
La rétrospective complète de l'oeuvre de Joseph Koudelka (né en 1938) a les faveurs de Madame Agnès de Gouvion Saint-Cyr, "Madame Photo" du Ministère de la Culture (au FNAC), enfin surtout la série "Chaos" qui est "la seule exposition qui soit assez bien scénographiée mais quand même, on l'a déjà vue à Vassivières !" s'exclame-t-elle.
" Chaos " est un choix d'images panoramiques qui caractérisent la vision de Koudelka de ces dix dernières années. Etonnamment paradoxales, ces images sont un constat virulent de l'anarchie que l'homme impose à la nature et s'impose à lui-même ; elles dénoncent l'absurdité d'un monde que la guerre, la pollution, l'incurie des pouvoirs transforment en champ de ruines. Mais elles sont très au-delà de toute polémique. Josef Koudelka reconstitue un espace onirique, un "ailleurs" déserté, non daté, à peine situé, dans lequel il organise dans une forme implacable (et c'est là qu'est le paradoxe) ces amas de pierres, ces mécaniques hors d'usage, ces vestiges d'une époque à peine révolue.
Pour le reste, "c'est un vide sidéral de la pensée, un fourre-tout sans queue ni tête. A ne pas vouloir imposer de thème, il finit par ne plus y avoir de cohérence du tout. Et les organisateurs sont tombés directement dans le piège montrant tout et n'importe quoi ". Elle surenchérit sur les soirées : "dépenser 15,24 euros pour voir les travaux informatiques des premières années de l'Ecole d'Arles… Autant vous dire que les gens sont mécontents !".
Bilan : zapper Arles et souhaiter que Toulouse à l'automne avec son thème "Fragile" soit à la hauteur : "subtile après ce qui est arrivé il y a un an. Mais à voir si les lieux seront en parfaite adéquation avec les oeuvres. Les organisateurs ne devraient pas perdre de vue qu'une exposition est le choix de l'excellence" conclut Madame Agnès de Gouvion Saint-Cyr.
Muriel Carbonnet-Caumes Paris, septembre 2002
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