Imaginez-vous haut comme trois pommes, propulsé dans un univers de cartes sans frontières géographiques ni temporelles et sans dimension déterminée.

Pourquoi, et en effet les enfants posent toujours les questions les plus pertinentes, faire des costumes, du mobilier sur le thème de la carte ?
Pourquoi projeter sur écran des cartes de taille agrandie, enfin, on ne peut pas jouer avec !
La Banque de l'Hourloupe, cartes créées par Jean Dubuffet en est la parfaite illustration. Comment aborder cette succession de métamorphoses, dont seul le dos nous révèle le titre ? "C'est pas beau, c'est mal dessiné." Oui, ce n'est pas cohérent au sens où nous l'entendons, rien n'y semble certain, il n'y a plus ni perspective ni véritable signifié et pourtant ça a de l'intérêt et pourtant ça devient de plus en plus intéressant. Peut-être alors pourrions-nous voir les choses de manière différente.

Colle et papier en mains, l'espace d'une heure, les enfants deviennent les véritables acteurs du thème de l'atelier proposé. Mais si la conception formelle du lieu comprend un emplacement spécifique à ce type d'activités, il n'en reste pas moins que l'architecture reliant le pavillon ancien à une nouvelle construction et sa muséographie en fait un lieu interactif savamment harmonisé. L'ambivalence entre approche ludique de la carte et la galerie Histoire de la ville permet l'élaboration de projets avec des enseignants et constitue un apport supplémentaire pédagogique qui sort du stricte cadre scolaire.

Véritable champ d'action où le parcours n'est soumis à aucune convention, le mobilier coulissant et pivotant crée un mouvement féerique et instaure un dialogue entre le lieu et ses visiteurs qui ne laisse pas indifférent les enfants comme les adultes.

Lieu où l'on apprend, où l'on s'émerveille, mais lieu ludique et vivant par excellence. Les astuces d'Antonio le magicien et les lectures de contes de fées privilégient l'échange et les sorties en famille. Loin de se reposer sur ses acquis, on reste dans le mouvement, la carte contemporaine, mal connue, prend merveilleusement le relais et rejoint aujoud'hui le panthéon des collections.

Maud Traon
Paris, mars 2003