peintures aux gestes libres |
Nul ne s'étonne plus de la croissance et de la puissance du nombre d'artistes féminins. Contrairement à, disons il y a 25 ans, les expositions collectives où manquent des femmes se font rares aujourd'hui. Même si ce changement n'est pas entièrement dû à la lutte qu'ont menée les féministes dans les années 1960-70, force est de constater que la plupart des artistes importants à notre époque sont des femmes.
Cette évolution, qui allait de pair avec la mort du modernisme et du concept "hegelien" du progrès, a résulté de la redécouverte de la nature et des histoires personnelles, parallèle à l'histoire officielle. Au travers du travail et de la vie d'artistes comme par exemple, Elisabeth Vigée-Lebrun, Camille Claudel, Frida Kahlo, Eva Hesse ou Louise Bourgeois, on découvrait de nouvelles sensibilités dont notre société avait sans doute besoin.
Ainsi, un nouveau répertoire de sujets a-t-il vu le jour, traitant des rapports corporels et psychiques dans le temps et l'espace de notre vie intime comme de la vie elle-même.
C'est en pensant à toute cette histoire récente et riche, que j'ai découvert, avec un plaisir plus sensuel qu'intellectuel, le travail de Clotilde Ancarani présenté par la galerie Fred Lanzenberg à Bruxelles. Cette jeune artiste, dont j'ignorai jusqu'alors l'existence, présentait un nombre impressionnant de peintures aux gestes libres et délicats ainsi que de petites sculptures en bronze. Fait avec intelligence et élégance, son travail n'aurait pu exister sans l'histoire, à laquelle sa thématique me conduisait sans relâche. Bon nombre d'œuvres représentent une robe, symbole de séduction et de protection, du "donner" et du "refus".
Des tableaux, parmi lesquels une série peinte sur des panneaux d'aluminium originaires de l'Atomium de Bruxelles, représentent chacun une grande fleur, dont le petit centre obscur, d'ailleurs, n'échappe jamais à l'œil. D'autres peintures montraient une grande coupe, qui, renversée, formerait une demi-boule. Au-delà de la beauté universelle de cette forme, le symbolique se laisse deviner. Au fur et à mesure de ma visite dans la galerie, il me semblait que toutes les œuvres de Clotilde Ancarani, étaient des personnes ou - pourquoi pas ? - des femmes m'imposant la distance et l'admiration, du silence à un peu de conversation.
C'était bien.
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Galerie Fred Lanzenberg, 9 avenue des Klauwaerts, Etangs d'Ixelles, Bruxelles, du 15 septembre au 30 octobre, mardi au samedi de 10h à 12h30 et 14h à 19h www.galeriefredlanzenberg.com
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