Quel va et vient au mois de juillet à Lahemaix ! Paysans, artistes, journalistes, adolescents, représentants du Conseil Général, maires, tracteurs, camions, voitures, se croisent tous les ans depuis 1997, devant la mairie de ce petit village meusien de 60 habitants. Jamais les sentiers de la forêt environnante n'ont été autant battus, ni autant célébrés dans ce coin là auparavant.
Une organisation qui marche à la baguette orchestrée par le sculpteur François Davin repose sur une idée toute simple : faire sortir l'uvre d'art de son environnement habituel.
Les artistes, leur sandwich, deux bouteilles, l'une d'eau, l'autre de vin, glissés dans des sacs en plastiques étiquetés à leurs noms partent pour la forêt, non pas pour travailler à la mine comme les sept petits nains, mais pour bâtir des uvres.
Ils se retrouvent le soir pour le souper. Echangent leurs impressions, se proposent de s'entraider au besoin, lient des amitiés, font des échanges et au 14 juillet dansent jusqu'à l'aube.
Ici tout va à l'encontre des méthodes habituelles de gestion de l'art : ni galeries prétentieuses, ni centres d'art sans argent, ni parc naturel qui accueilleraient le land art comme dans un musée.
Durant leur séjour, les artistes dorment dans des familles d'accueil d'une gentillesse telle qu'elles participent, elles aussi à l'érection des uvres en s'intéressant aux formes imaginées par leurs artistes presque aussi assidûment qu'à leurs récoltes et au repas qu'elles partagent avec eux.
Choisis sur dossier par une commission réunissant quelques très sérieux spécialistes d'art, les artistes s'y précipitent. 120 dossiers cette année pour une quinzaine d'artistes pris. En échange de leur travail, ils reçoivent un cadeau qui pourrait leur être utile, comme un tronçonneuse ou autre outil du genre.
Leurs uvres une fois terminées sont laissées à la vie de la forêt, personne n'est censé s'en occuper par la suite. Les intempéries terrestres et célestes président à leur destinée et à leur euthanasie. Il arrive parfois que quelqu'un soigne en cachette quelque désuétude dans laquelle telle ou telle uvre a pu tomber. Cela fait partie aussi de leur destinée.
Le fait de les voir à intervalle d'un an, patinées par le vent, les rend touchantes dans leur bizarre apparence d'être autre chose qu'un arbre ou bien un ramassis de pierres organisé par la seule nature. Et dans ce coin ou pas grand chose ne se passait il y trois ans, arrivent 60 000 visiteurs !
Dans la forêt, il se prépare des uvres, c'est cela-même Le vent des forêts.
I. C.
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