Sonia Aniceto
Le cœur cousu
Sonia Aniceto
Sonia Aniceto
Sonia Aniceto
Sonia Aniceto
Sonia Aniceto
Sonia Aniceto
Sonia Aniceto
Sonia Aniceto
 

Sonia Aniceto

Sonia Aniceto

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
"Je m'exile pour que la nostalgie de mon pays m'inspire mieux" Emile Verhaeren

C'est un travail composite, original, féminin, croisement entre peinture et art textile, que Sonia Aniceto nous propose. L'option est quasi exclusivement figurative, tout en bousculant hardiment les repères spatiaux et temporels. Des paysages lointains, des piscines vides, lieux abstraits parfois improbables, parfois fidèlement esquissés, nous racontent des histoires décontextualisées. Face à ces personnages entre l'humain et la marionnette, le fantôme ou bien le mannequin, le spectateur cherche sa place entre présent et passé, ente fiction et monde réel, entre innocence et perversité. Hors de toute mouvance ou courant dominant, l'artiste crée des espaces où les matières jouent les unes avec les autres, cartes émotionnelles et affectives de son parcours en Belgique et d'un attachement à un Portugal natal lointain. Telle une mélodie, un air de fado, elle rassemble souvenirs d'enfance, rêves et fantasmes, nous livrant avec pudeur ses déracinements, tissés dans une oeuvre riche de techniques et d'interprétations. Les recoins de sa mémoire passent par ses mains : broderie, fils, dentelles, toiles de Jouy, morceaux de nappes transmettent des messages graduels, en couches narratives qu'on essaie de décoder.

Comme la tapisserie, qui n'est ni canevas, ni broderie, chaque oeuvre est une pièce originale traduite en papier, fil, étoffes et couleurs entremêlés. Les techniques traditionnelles qu'elle mixe témoignent de ses racines et de son vécu de petite fille. Quand on les regarde, on y voit des instants de vie, des heures de bonheur et d'insouciance. Des moments de plaisir, de tristesse aussi, le mal du pays.

Fascinée par le fonctionnement de la mémoire et ses distorsions, elle s'interroge sur la fidélité des souvenirs, dont elle superpose les traces. Dès notre plus jeune âge, le souvenir, cette puissante et énigmatique faculté mentale, construit notre identité et le fil de notre existence. Filtre personnel, aux ordres du coeur et de l'imagination, il nous permet de réécrire notre histoire, de façonner notre présent. Qui sommes-nous, sinon ce dont nous nous souvenons ? Notre véritable biographie n'est-elle pas celle que nous gardons en mémoire, teintée des émotions et des sentiments qui ont accompagné notre vécu ?

Nicolas de Staël disait que la peinture est un mur duquel tous les oiseaux du monde peuvent s'échapper. L'oeuvre de Sonia Aniceto est une respiration, elle nous emporte par une belle écriture singulière qui sent le vent, l'air du large, le paradis lointain de l'enfance. Le temps file trop vite, mais Sonia réussit bel et bien à le retenir.
 
Elisabeth Martin
Bruxelles, janvier 2012
 
 
Galerie Libre Cours, 100 rue de Stassart, 1050 Brussels
lire aussi : Sonia Aniceto 2017

accueil     vos réactions     haut de page