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d'ExpoRevue |
Inaugurée avec deux semaines de retard, l'exposition Les sculpteurs et l'animal dans l'art du vingtième siècle s'est ouverte le 7 avril dernier dans les salles d'exposition de l'Hôtel de la Monnaie.
D'emblée, il semble que ses organisateurs étaient aussi peu préparés à monter une telle exposition que les espaces de ce bâtiment prestigieux l'étaient à l'accueillir. En effet, présenter des uvres d'art récentes dans le cadre mouluré et sur le parquet ciré d'un édifice datant du XVIIIe siècle est toujours une gageure, et il serait faux de dire que les commissaires de cette exposition ont relevé ce défi avec lucidité.
Du point de vue du thème, il n'y avait rien d'aberrant à chercher l'inspiration animalière chez les sculpteurs du vingtième siècle. La plupart des artistes exposés, notamment César, Giacometti, Germaine Richier, Picasso trouvaient un réel intérêt dans la représentation de l'animal, sans pour autant en faire une spécialité comme dans le cas de Bugatti ou de Pompon. Mais ce thème témoigne tout de même d'un manque d'imagination caractérisé, que l'on peut soupçonner d'être volontaire : une telle généralisation a le mérite de pouvoir inclure quasiment tous les plus grands noms de la sculpture et permet ainsi de drainer un large public avide d'icônes d'un nouvel âge. Peut-être pourra-t-on bientôt visiter Les peintres et le ciel, de Titien à Monet, ou encore Les artistes et le corps masculin, de Michel Ange à Francis Bacon...
Cependant, un tel sujet aurait pu être abordé et présenté de manière intéressante, en tentant de définir la réelle préoccupation de chaque artiste devant la représentation animale (en opposant la volonté expressive dans la soumission au matériau d'un Picasso, à la démarche plus narrative de Flanagan, par exemple). Il n'en a rien été. L'exposition consiste dans une enfilade de salles surchargées d'uvres, sans fil conducteur. Pire encore, quelles soient délicates ou massives, les uvres sont toutes juchées sur des socles en bois clair, proprets mais lourdauds, qui trahissent péniblement la volonté des organisateurs d'être dans la mouvance de la scénographie actuelle.
Pour finir, d'invraisemblables juxtapositions, comme celle de bronzes de Germaine Richier et de sculptures de Guy Ferrer, jeune artiste employant naïvement le langage filiforme de son illustre voisine, arrivent presque à faire oublier au visiteur l'exceptionnelle qualité de certaines uvres présentées.
Les sculpteurs et l'animal dans l'art du XXe siécle
F. D.
Les sculpteurs et l'animal dans l'art du vingtième siècle, Hôtel de la Monnaie, Paris 6e, France, jusqu'au 23 mai 1999.