LE MAGAZINE
d'ExpoRevue


SAGA


Après avoir été ballotté, ces dernières années, de Grand Palais en Porte de Versailles, puis à l'espace Eiffel-Branly, le SAGA (Salon des Arts Graphiques Actuels) était pour sa treizième édition accolé au Salon du Livre dans un hall de Paris-Expo. Coincé dans une parcelle de ce hall gigantesque, il paraissait un peu perdu, un peu triste. Depuis sa création, le SAGA tente chaque année de relever le même défi, voué à l'échec : réveiller le marché de l'édition d'art française et sensibiliser les visiteurs à la noblesse du papier et à l'infinie richesse de l'estampe artistique. Dans ce domaine, les passionnés sont peu nombreux, mais ils y consacrent souvent leur vie entière : depuis quelque temps, le SAGA cherchait, à côté de ces déjantés de la lithographie et autres fêlés de la taille-douce, à attirer des amateurs de photographie, puis de dessin, jusqu'à devenir une sous-FIAC accueillant les galeristes refusés à la grand-messe parisienne de l'art contemporain.

La réussite de la Foire de l'Estampe de Dusseldörf, le succès du secteur édition de la Foire de Bâle et l'avènement de la photographie comme une branche autonome de l'art contemporain ont achevé de mettre en relief la déchéance et l'inutilité du SAGA. En septembre prochain, la FIAC déménagera dans un hall vaste et flambant neuf de la Porte de Versailles, et pourra alors accueillir les éditeurs d'art et les marchands de photographie dans des secteurs distincts : le SAGA aura vécu.

Pour cette treizième édition, en forme de chant du cygne, peu de grands éditeurs s'étaient déplacés. En l'absence d'un stand de la Bibliothèque Nationale qui donnait tout son lustre, les années passées, à cette manifestation, et aux côtés de nouveaux venus comme Télérama (!) ou Riopelle qui exposait lui-même ses gravures (?), deux stands étaient surtout à signaler. Suzanne Tarasiève, d'abord, qui fait depuis quelque temps un travail exemplaire dans sa galerie de Barbizon où elle a exposé Reimpré, Baselitz, Lüpertz : son espace très bien conçu permettait notamment d'apprécier les nouvelles gravures de Jean-Pierre Pincemin, et des acryliques sur papier des années 1940-1951 de Charles Lapicque. Franck Bordas, ensuite, qui s'affirme au fil des ans comme le plus grand éditeur d'art français : sa collection Paquebot, série d'albums imprimés en lithographie par des artistes contemporains, s'est enrichie cette année de la contribution de Bengt Lindström, dont l'expressivité nordique s'accorde parfaitement à ce procédé d'impression.

A noter, enfin, le plus grand stand du salon, celui de l'espace Paul Ricard, qui permettait aux invités privilégiés de s'abandonner un instant dans l'alcool pour méditer sur les déboires du marché de l'édition d'art en France.

F. D.

Salon


des


arts


graphiques


actuels

SAGA, Porte de Versailles, Paris, France, du 19 mars au 24 mars 1999.

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