LE MAGAZINE
d'ExpoRevue |
Tambours de paix de la tradition, peaux des tambours percutés par la rythmique, en dépit des membres coupés et des fleurs en moignons, les battements vitaux de la musique répondent, en sous sol, aux images d'un autre qui s'en laverait les mains dans le sang. Les grands diptyques de Nigel Rolfe filent la métaphore d'une mélopée visuelle. La violence irlandaise au delà de tout parti pris (né en Angleterre en 1950, il vit en Irlande du Sud) trouve, dans ces images les plus à fleur de peau, la juste traduction de sa tragédie.
Sans connaître l'histoire irlandaise, son uvre s'élève aux dimensions d'une sensibilité internationale comme l'ont prouvé les réactions des spectateurs de la Biennale de Sao Polo. Le tragique de la condition humaine s'incarne dans ses performances dont il tire instantanés, vidéos et installations.
Rapprochant la violence individuelle qui sépare hommes et femmes de celle de la guerre, il travaille, soutenu par une absolue conviction dans les pouvoirs de l'image, à redonner, à l'espoir d'une paix enfin générale, toute sa sensualité, dans le concert des arts.
Si l'histoire récente sur laquelle il fonde sa rhétorique et son esthétique est essentielle son uvre nourrit plus encore un projet d'archéologie primitive, chorégraphiée dans la beauté des corps réconciliés.C. G.
Nigel Rolfe, Two drums, Galerie Polaris, Paris 3e, France, du 6 mars au 10 avril 1999.