LE MAGAZINE
d'ExpoRevue |
Joyce Pensato est américaine. Depuis près de 30 ans, elle poursuit en solitaire une recherche picturale qui mêle adroitement iconographie pop et exigence de représentation. Chacune de ses toiles propose sur un fond indifférencié une série de gestes qui se répètent de motif en motif. En contemplant ces toiles on ne peut sempêcher de penser aux combats que menaient les expressionnistes abstraits face à larène de la toile. Ici, il y a du Pollock, mais un Pollock qui soudain aurait décidé disoler le motif, qui aurait décidé dabandonner son fameux all-over (peindre bord à bord), qui aurait surtout voulu montrer que chaque variation du geste est une réponse à lexigence de lacte de peindre. Mais, comparer Joyce à Pollock nest quun faux-fuyant. Chez elle, nulle fascination pour lexpressivité de la spontanéité. Au contraire, à y regarder de plus près ses fameux motifs ne sont pas si abstraits. Tous représentent une figure connue de la culture pop américaine : les héros de la BD et du dessin animé. Ici un Félix le Chat déformé. Là, une série de portraits de Donald ou de Mickey. La peinture de Joyce Pensato se tient miraculeusement dans un écart où la représentation frôle labîme du signe désincarné. Travailler sur ces figures emblématiques dune culture américaine datant des années 1960-1970 revient à interroger ce qui constitue la moelle de limaginaire américain. A la vue de ces uvres, il semble que le rêve ait viré au cauchemar. Mais cela nous le savions déjà. Seule reste la posture héroïque dune artiste qui refuse laliénation du kitch. Aujourdhui, pour la première fois, Joyce sembarque dans un pari risqué : celui de construire une représentation monumentale de ces personnages désormais mondialement connus. A ne manquer sous aucun prétexte. D. S. |
Pioneer Hotel, galerie Friche "La belle de Mai", 41 rue Jobin, Marseille, France, du 24 mars au 15 avril 2000.