Plain-chant pour Patak, 1978
Au delà de la pure plasticité, certains artistes atteignent dans leur art, et par leur art, une spiritualité peu commune.
Celle d'Odon aurait pu s'affirmer autrement dans son uvre, s'il avait continué de peindre comme d'autres peintres de sa génération.
Elle aurait pu être grosse, large, colorée, comme dans les toiles des membres du mouvement Cobra, ou bien abstraite comme celle du peintre Atlan.
Odon a pris un chemin étrange.
De la pratique sensuelle du geste pictural, il est passé au tressage. De la plus savante manière d'expression plastique, il est passé à la plus archaïque ; de la noblesse des beaux-arts au roturier artisan ; de la conquête de l'espace, comme Ulysse, à celle de l'espérance intérieure, tout comme Pénélope.
De la surface plate d'une toile, il commence par tirer des lanières en relief, comme s'il se mettait à détricoter la peinture, pour finalement l'épuiser, comme on épuise un pull-over de laine pour en extraire le fil.
La pelote servira à ces constructions de l'infini, aux aventures de Patak, personnage imaginaire qui titre ses uvres depuis 1970.
Son uvre devient un cheminement de patience, une épreuve temporelle avec les sept cents heures de travail, et plus, que nécessitent parfois certaines de ses uvres.
Odon tisse le temps comme d'autres se laissent tisser par le temps. Il l'empourpre, le dore, l'envoûte afin de s'y laisser prendre : - Dieu peut me prendre quand il le désire, aucune de mes uvres ne sera inachevée - dit-il dans le très beau catalogue qui lui est consacré (Odon rétrospective 1958-1998) à l'occasion de l'exposition rétrospective l'uvre à Jours au Musée d'Art Moderne de Troyes.
I. C.
Odon - Le Pari de Patak, 1992 (détail)
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Spiritualité
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Epreuve temporelle
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