LE MAGAZINE
d'ExpoRevue


FIAC 1999


Il est étonnant de voir avec quelle violence certains professionnels de l'art parlent des organisateurs de la FIAC. Cette année ne semble pas faire exception à la règle. Une fois encore, nombreux sont ceux qui déplorent que ce salon ne sache pas choisir clairement entre un axe contemporain et une manifestation plus historique. La question est en effet difficile à résoudre. L'art contemporain se vend mal en France, pays plus habitué à célébrer son génie passé qu'à s'interroger sur les forces vives de la jeune création. D'un autre coté, l'art contemporain français acquiert lentement ses lettres de noblesse à l'étranger grâce au travail patient de toute une génération d'artistes, aujourd'hui âgés d'au moins 35 ans, qui depuis le milieu des années 1980 exposent inlassablement dans les galeries et institutions étrangères. A moins de transformer la FIAC en musée éphémère destiné à des milliers de visiteurs et quelques richissimes collectionneurs, il convenait de modifier certaines des règles qui président à l'organisation de cette manifestation.

C'est aujourd'hui chose faite : un nouvel emplacement - la Porte de Versailles - des espaces aérés, une nette volonté de hiérarchiser les exposants selon les médiums, de nombreuses cartes blanches, l'intégration des éditeurs d'estampes, bref autant de signes démontrant une réelle volonté pour se hisser au niveau des normes internationales. Ce réveil tardif tombe bien. L'actuelle hausse des prix, la relative bonne santé d'un secteur qui aime à se déclarer sinistré, autant d'indices qui démontrent qu'il est possible aujourd'hui de vendre de l'art en France.

Certes les collectionneurs institutionnels (FRAC, FNAC, Centres d'arts...) n'ont décidément plus les même moyens qu'il y a quelques années. Mais l'ensemble des marchands interrogés laissent éclater leur satisfaction. De jeunes collectionneurs se font connaître. Ils visitent, achètent, se font conseiller. Bien sur, les investissement n'atteignent pas les sommets que l'on peut rencontrer Outre-Atlantique, mais ils se révèlent suffisants pour enfin endiguer le flot des faillites de galeries. Il convient cependant de ne pas verser dans l'optimisme le plus béat. Les organisateurs de la FIAC ayant démontré leur constance à systématiquement ulcérer même les plus convaincus de leurs amis, il est fort possible que toutes ces modifications, toutes ces bonnes intentions soient une fois encore réduites à néant par l'incapacité de la Cofiac à comprendre ce que signifie réellement une foire d'art contemporain. Déjà, depuis plusieurs années le vernissage s'était transformé en grand raout pour le XVIe arrondissement avec ses cohortes de vieilles dames dignes s'offusquant au bras de leur mari du peu de sérieux de l'art. Les petits fours et le champagne s'étant fait rares (crise oblige) une partie de cette population fut soudainement remplacée par des hordes de jeunes étudiants dégingandés arpentant les allées au son de leurs exclamations.

Attention afin que nul lecteur ne se méprenne, il convient de préciser que les vieilles dames dignes confèrent une certaine noblesse à l'ensemble, les jeunes quant à eux donnent une touche gaie à une manifestation généralement austère. Mais, il faut aussi savoir ce que l'on veut. Un vernissage est un moment où se rencontrent les professionnels, pas une réunion mondaine où il fait bon se montrer. Nombre de grands collectionneurs avouent d'ailleurs fuir ce moment cauchemardesque où il est impossible de discuter avec les marchands plus préoccupés par la surveillance de leur stand. De même, aucun salon VIP n'existait. Or, ce genre d'alcôve se révèle nécessaire pour la réalisation de toute transaction.

Cette année serait sans doute différente. Afin de fêter dignement ce renouveau, le pays invité est un continent : l'Amérique du Sud. Les 30 galeries du Mexique, du Pérou, Brésil... nous réservent sans doute quelques très heureuses surprises. Les quelques conservateurs et critiques intrépides qui ont effectué le déplacement ne manquent pas de saluer l'extraordinaire vitalité de ce continent que l'on ne peut réduire à la seule connaissance de Bottero. Godard avait un jour déclaré que ce sont les marges qui tiennent la page. L'Amérique latine est bien ce vaste continent excentré où s'expriment nombres de jeunes artistes plus préoccupés par le réel qui les entoure que par les systèmes artistiques occidentaux. Rituels, réaffirmation d'une identité en mal d'incarnation, crise des territoires et de la représentation rythment ces travaux souvent déroutants. Reste à savoir si les galeries invitées oseront jouer la carte de la nouveauté et de l'inédit au lieu de l'éternel tradition figurative qui trouve ici de nombreux adeptes. Espérons également que la Cofiac accompagnera ce renouveau, car ce qui est aujourd'hui en jeu n'est ni plus ni moins que la survie de la FIAC.

D. S.

Nous vous invitons




à nous suivre




dans les jours




qui viennent




à découvrir




nos coups de coeur,




nos découvertes,




nos colères.

Foire Internationale d'Art moderne et contemporain, Pavillon du Parc - Paris expo, place de la Porte de Versailles, Paris 15e, France, du 15 au 20 septembre 1999.

Sommaire
Edito