Plus de 150 œuvres de toutes périodes sous la forme d'une exposition importante consacrée à Raoul Dufy, nous n'avons rien vu de tel depuis vingt-cinq ans !
On l'aurait préférée encore plus foisonnante en aquarelles et en textiles.
Dufy a travaillé à partir de 1908 pour le couturier Paul Poiret, puis dès 1912 pour la soierie Bianchini-Férier à la succursale parisienne au 24 bis avenue de l'Opéra comme artiste décorateur où il entre dans l'industrie du tissage.
En revanche, l'exposition lyonnaise nous propose en vedette quelques gravures et pas des moindres : le Bestiaire ou Cortège d'Orphée que Dufy illustre et dont l'auteur n'est autre que Guillaume Apollinaire. Ce dernier écrivit le 12 décembre 1910 à propos de ce travail commun : Il faut signaler la curieuse interprétation que Dufy a donnée de la fabuleuse figure des Sirènes (...). Les Grecs en faisaient des oiseaux à visage et poitrine de femme, pour les Latins les monstres charmants se terminaient en queue de poisson, desinit in piscem. Dufy s'est souvenu de ces deux conceptions, ses sirènes sont ailées, et leurs corps s'achèvent vifs, ronds et fermes comme ceux des thons.
Comme peintre, les historiens de l'art lui attribuent un tas d'étiquettes et d'influences ; tributaire de l'impressionnisme, fauviste de surcroît, puis subissant l'influence de Monet en passant par Matisse et Cézanne. Son contemporain Guillaume Apollinaire lui trouve l'originalité d'être le premier à puiser dans l'imagerie populaire et d'avoir, probablement, depuis, influencé les futuristes.
Raoul Dufy - La plage de Sainte-Adresse 1906
Il se plaît depuis 1926 à séparer le contour de la couleur, et arrive à faire de ses toiles de véritables partitions de musique, non seulement par leur sujet, mais aussi, à cause de leur rythme syncopé, développé à ravir.
L'exposition lyonnaise procure un plaisir esthétique de haute qualité.
I. C.