LE MAGAZINE
d'ExpoRevue |
Giorgio De Chirico - Soleil sur le chevalet, 1972
Raconter l'histoire de la relation entre l'homme et le cosmos depuis 200 ans revient à raconter la mort des dieux. On se souvient de cette phrase de Nietzsche : "Le plus important des événements récents - le fait que Dieu soit mort - commence déjà à projeter sur l'Europe ses premières ombres". Nulle parole ne fut plus prémonitoire que celle-là. Mais me diriez-vous, quel est le rapport entre le fait que Dieu soit prétendument mort et l'organisation d'une exposition consacrée aux représentations artistiques du Cosmos ? C'est que l'un et l'autre sont liés.
Vassily Kandinsky - Cercles dans un cercle, 1923
L'ensemble s'ouvre comme il se doit avec Caspar David Friedrich et son "Homme et femme contemplant la lune" (1824). Cette entrée en matière indique la lutte entre la volonté de sublime propre aux romantiques et le positivisme symbolisé par un Humboldt.
Claudio Parmiggiani - Les éléments, 1968
Les salles suivantes renforcent ce parti pris. "La terre promise" raconte la découverte du grand ouest sauvage par les premiers américains. Les représentations qui en sont faites dénotent d'une fascination pour un paysage qui déjà n'est plus mystérieux. Il faut sur les bases de celui-ci construire rapidement le mythe démocratique américain. Les photographies de Watkins sont exemplaires à ce sujet. Ce qu'elles montrent avant tout, ce sont des paysages vierges qu'il faut déjà protéger de la colonisation. Ici (le Parc Yosemite) doit constituer une réserve, un témoin démontrant combien le reste du territoire est un lieu voué à l'accomplissement des rêves des colons.
Mark Tansey - Action Painting II, 1984
L'idéal démocratique et capitaliste y remplace déjà un dieu agonisant (il faudrait un jour tracer l'histoire du sentiment religieux aux U.S.A. et démontrer ainsi combien la destruction même de Dieu ne pouvait que s'accompagner de sa résurrection sur la scène politique). L'exploration des pôles constitue historiquement l'autre grand moment de l'imaginaire du XIXe siècle. La nature y est hostile. Elle préfigure ce qu'est le Cosmos. La domestiquer revient à abolir toute frontière, toute limite. L'homme est désormais libre. Rien ni aucune peur ne peut désormais le retenir. Les parties suivantes (conquête de la lune, exploration d'un cosmos métaphysique avec les suprématistes, etc. ) ne fait que confirmer cette évolution.
Ilya Kabakov - L'homme qui s'est envolé dans l'espace depuis son appartement, 1981-1988
D. S.
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Cosmos. Du romantisme à l'avant-garde, 1801-2001, Musée des Beaux-arts de Montréal, Canada, jusqu'au 17 octobre 1999.