Double exposition pour Claude Closky qui n'en finit pas de naviguer et divaguer entre les objets, les signes et les images qui encombrent et codifient notre univers. L'artiste s'approprie des effigies de la société de consommation, comme les publicités qu'il simplifie, qu'il enferme sur elles-mêmes. L'exposition du FRAC Limousin reprend ce type de travail avec une installation réalisée pour ce lieu composé d'un couloir central et de dix travées voûtées autonomes. Des projections y présentent en boucle des séquences de deux ou trois photographies, découlant les unes des autres de façon univoque pour neutraliser tout imaginaire personnel et toute narration. On suit dans l'obscurité les diaporamas alignés qui les font défiler de façon aléatoire afin de ne jamais voir les mêmes séries. Ces images dépouillées deviennent alors décoratives. C'est le triomphe de la forme sur le sujet : la publicité est piégée sur son propre terrain. Ici, un couple apparaît sur trois photographies, avec trois voitures différentes correspondant à trois moments de leur vie. Là, Zinedine Zidane court sur un terrain de football vers la gauche, puis vers la droite, et ainsi de suite...

Autre lieu, autre exposition. Le Centre national de l'estampe et de l'art imprimé rassemble les imprimés, contributions dans les magasines et publications (Jalouse, Purple) de Closky, installés, comme sagement sacralisés sur les murs. Pas étonnant alors de voir ses papiers peints dans cette maison-centre d'art : Supermarché est une sorte de ready-made dans lequel les feuilles de promotion des supermarchés, sorties de nos boîtes aux lettres, ressemblent à une toile de Jouy. Tatouage est une mise en papier peint qui contredit ses principes : ses signes personnalisés, répétés au kilomètre et décalés des corps deviennent décoratifs et non plus identifiants. Une chose est sûre, Closky se joue de tout et surtout des médias. Aux spectateurs de donner un sens à son œuvre en la reconstruisant dans ses propres termes, si tant est que cela soit possible...

M. C.