Christian Bastian
Traverser le paysage avec désir
 
Christian Bastian
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L'exposition – presque rétrospective - de l'artiste Christian Bastian se tiendra dans le dortoir médiéval de Lagrasse (1). Elle a pour objet de montrer toutes les facettes d'une œuvre qui couvre plus de trois décades. Ces peintures et ces dessins ont été réalisés par l'artiste dans l'Aude. Quelques œuvres ont été choisies par l'artiste et le commissaire parmi cet abondant ensemble. Dans les années 1990, l'artiste s'est installé à la Pradeille, à Villar-en-Val, à l'orée de la forêt des Corbières occidentales et face à la Montagne d'Alaric. Il a créé son atelier en 1993. C'est à cet endroit qu'est né l'écrivain et poète, Joseph Delteil (1894-1978). Les tableaux de l'artiste constituent plusieurs séries : paysages, portraits, baignades, dessins. Parmi ces œuvres, l'artiste a revisité des classiques de l'histoire de la peinture à sa manière. Ce corpus révèle la palette variée de Christian Bastian.

Le commissaire d'exposition, Patrick Amine, écrit sur sa peinture : "Les paysages de Christian Bastian sont une invention de son œil. Quels que soient les lieux arpentés, les forêts traversées, les sous-bois enregistrés par sa mémoire visuelle, ceux que nous connaissons telle la montagne d'Alaric ou les sites environnants non loin de Villar-en-Val, sont de sa totale création. Nous regardons le paysage comme on regarde les grands tableaux de l'histoire de la peinture, c'est l'ultime déclic qui s'opère dans l'imaginaire du spectateur et de l'artiste lui-même. Tout revient à ce que disait Cézanne. Les artistes n'imitent pas la nature. Ils inventent une image de la nature, du paysage, à travers le prisme de leur imaginaire. Les éléments de ces sites ont contribué à composer sa vision et à refondre sa perception de la nature et sa conception de la peinture à travers le temps. Il absorbe son paysage, découvre les points de vue environnants, va de chemin en chemin trouver les perspectives vers les cimes, l'œil rivé vers la montagne d'Alaric, vers les hauteurs des massifs des Corbières, de l'Aude, à Taurize et à Caunettes-en-Val (voir ses tableaux de 2001-2014). Il les transfigure avec sa palette aux couleurs énergiques.

Avant la vision totale panoramique du paysage, il y a l'entrée dans les bois avec leurs lignes de chemins tortueux et les arbres qui se dressent, ainsi la main du peintre dessine avec la vitesse requise par le tempérament de l'artiste les espaces de sa peinture où naissent et surgissent des sensations pour le spectateur. (…) Le paysage reste en quelque sorte au-delà de ce qui est peint. Au-delà de ce qu'éprouve le geste physique de l'artiste. (…) Une furie du vert, et les sous-bois palpitent entre ombre et lumière. L'orange intense de la montagne d'Alaric crépite en été. Il semblerait que la couleur des oranges de Gauguin (telle sa Nature morte au musée d'Orsay) et son jaune citron se sont infiltrés dans le paysage de Villetritouls, en passant. Les tableaux des villages nommés plus haut ont quelque chose de surréel. Christian Bastian nomme cet ensemble de peintures acryliques : peinture aplatie." Plus loin, il est question des Baigneuses peintes par l'artistes : "La série des baigneuses (Baignades) semble sortir d'un lieu indéfinissable. Nous sommes entre l'univers de Cézanne et la composition d'un déjeuner de Manet transposé dans une clairière non loin d'un plan d'eau ou d'un bord de mer !

Les unes apparaissent dans un bois comme catapultées d'un lieu insoupçonnable, les autres dans un milieu aquatique indécis. Les femmes dansent, jouent et s'entremêlent. Les couleurs semblent malaxer les corps." (2) L'auteur rappelle très justement : que le pays n'est devenu un paysage que par l'invention picturale de celui-ci chez les peintres flamands (Robert Campin, Jan et Hubert van Eyck, Van der Heyden, etc.), qui s'est traduite presque aussitôt par la création du vocable : landscap, lanscape, landschaft, paysage, paesaggio, etc. Alain Roger, dans son livre, Court traité du paysage, note : "qu'un paysage n'est jamais réductible à sa réalité physique (les géosystèmes des géographes, les écosystèmes des écologues, etc…) que la transformation d'un pays en paysage suppose toujours une métamorphose, une métaphysique, entendue au sens dynamique. Le commissaire précise que les images du paysage qu'il représente sont intériorisées, spiritualisées comme infusées par l'imaginaire de l'artiste. Regardons ces tableaux qui dégagent une belle énergie "Ainsi, Christian Bastian nous convie à un voyage au milieu de cette nature sauvage qu'il a saisie instantanément par ses sensations, par son flux nerveux, par une sélection des images que sa rétine va transmettre à ses toiles." Il faut se rendre à l'Abbaye de Lagrasse cet été pour voir cette exposition qui se déploiera d'abord dans le cloître médiéval, et dans deux salles du site.
 
Pat Mc Murphy
Lagrasse, juillet 2024
 
Christian Bastian, "Traverser le paysage avec désir"
Peintures & Dessins, du 19 juillet au 30 août 2024
Abbaye de Lagrasse, Centre Culturel Les Arts de Lire. 11220 Lagrasse
www.abbayedelagrasse.fr
 
(1) Exposition du 19 juillet au 30 août 2024, au Centre Culturel Les Arts de Lire. 11220 Lagrasse – Tél.04 68 43 15 99 – contact@lesartsdelire.fr — Horaires d’ouverture : de 10 h à 19 h. Le dortoir médiéval est un grand ensemble architectural du XIVe siècle situé au 1er étage du monument. Le bâtiment mesure 41 m de long, 11 m de large et 7,5 m de haut sous charpente. La pièce est composée de huit travées séparées par des voûtes diaphragme. Un cheminement en bois traverse l’espace sur une longueur de 30 m, permettant aux visiteurs de cheminer en dépit de l’état dégradé du pavement.
(2) Texte écrit par Patrick Amine pour le catalogue de l’artiste, et pour la présentation de son travail sur le site d’exposition.
 

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