Brancusi
Centre Pompidou Paris
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En 1995, le Centre Pompidou avait présenté une exposition de Brancusi (1876-1957) coproduite avec le musée de Philadelphia Museum of art. Œuvre rarement montrée, l'exposition s'attachait à un parcours chronologique et thématique constitué de 103 sculptures, 38 dessins et 55 photographies originales de l'artiste. Il n'y avait pas eu d'exposition rétrospective de Brancusi depuis presque vingt-cinq ans.

Né en 1876 en Roumanie, Constantin Brancusi est artisan de formation. Arrivé à Paris en 1904, il s'y installe jusqu'à sa mort en 1957. Diplômé de l'Ecole des Beaux-Arts en 1907, il entre dans l'atelier d'Auguste Rodin mais le quitte très vite ; il dira : Il ne pousse rien sous les grands arbres. Œuvre originale qui a remis en question les volumes et les structures dans l'histoire de la sculpture en s'affranchissant, après les œuvres dites anthropomorphes ou concrètes (le Baiser, 1907-1908) et la Sagesse de la terre (1908), et quelques autres plutôt dans la veine abstraite et constructiviste. Un ensemble traduit par un style dépouillé, épuré dans les formes. Il utilise la taille directe – technique dite archaïque – la dorure, il polit les bronzes et les marbres intensément. Ce lissage contribue à capter le maximum de lumière possible.

Cette nouvelle exposition permet de redécouvrir une œuvre immense. La collection du Musée nationale d'art moderne, c'est-à-dire l'Atelier Brancusi, joyau de cette collection, depuis son legs à la nation en 1957, est la matrice de ce projet, tout à la fois lieu de vie et de création – avant le déménagement intégral de l'Atelier dans le cadre de rénovation du Centre Pompidou. Il y a notamment de nombreux autres chefs-d'œuvre de l'artiste provenant des plus importantes collections internationales : Un ensemble exceptionnel de sculptures et de plâtres prêtés par de nombreuses collections privées et muséales (Tate Modern, MoMA, Guggenheim, Philadelphia Museum of Art, The Art Institute of Chicago, Dallas Museum of Art, Musée national d'art de Roumanie, Musée d'art de Craiova…) sont ainsi réunis.

Dès l'entrée, on est saisi par la scénographie de cette exposition qui révèle les sources de sa création (Auguste Rodin, Paul Gauguin, l'architecture vernaculaire roumaine, l'art africain, l'art cycladique, l'art asiatique…

On s'immerge dans le processus créatif de Brancusi : le choix de la taille directe, l'esthétique du fragment, le processus sériel, le travail de sublimation de la forme. La reconstitution d'une partie de l'atelier souligne la dimension matérielle de sa création (matériaux, outils, gestes). Le corpus documentaire est très riche (lettres, articles de presse, agendas, disques et films). L'ensemble visuel, offre une chronique de ses amitiés avec nombre d'artistes d'avant-garde, tels Marcel Duchamp, Fernand Léger ou Amedeo Modigliani, les photos abondent. Parcours aussi thématique : la forme (Princesse X), le portrait (Danaïde, Mlle Pogany), le rapport à l'espace (Maiastra, L'Oiseau dans l'espace), le rôle du socle (Nouveau-né, Le Commencement du monde), les jeux de mouvement et de reflet (Léda), la représentation de l'animal (Le Coq, Le Poisson, Le Phoque) et le rapport au monumental (La Colonne sans fin), on connait ses photos dans l'atelier avec les colonnes sans fin – voir le film du montage de la sculpture dans le jardin que réalise Brancusi avec ses amis…

En 1909, un changement radical se produit dans son œuvre dont témoignent la Muse endormie ou Mademoiselle Pogany 1 (1912), formes toujours monolithiques mais aux contours plus doux, aux traits du visage finement travaillés, qui traduisent une beauté idéalisée à l'encontre du canon occidental classique. C'est à partir de cette période que Brancusi imagine les thèmes majeurs qu'il reprend avec d'infimes variations jusqu'à sa mort.

Après avoir suivi une formation académique en Roumanie, Brancusi arrive à l'âge de 28 ans à Paris. Remarqué par Auguste Rodin, il devient brièvement son assistant en 1907. En 1907-1908, trois œuvres majeures, Le Baiser, La Sagesse de la Terre et La Prière, montrent sa volonté de trouver sa propre voie. Brancusi rompt avec le modelage pour privilégier la taille directe. Il abandonne le travail d'après modèle pour réinventer la figure de mémoire. Il visite le musée Guimet ; il s'intéresse à l'art de Gauguin et aux formes d'André Derain. Ses amis sont Marcel Duchamp, Man Ray et Tzara avec lesquels il partage un certain esprit de contestation. Il était mélomane. Il aimait Erik Satie, Darius Milhaud…

C'est en 1926, qu'il plante sa Colonne sans fin dans le jardin de son ami Edward Steichen à Voulangis. Son chef-d'œuvre radical. Elle procède de la scansion verticale de l'espace par la répétition du même module, évoquant les piliers funéraires du sud de la Roumanie. C'est dans son pays natal, à Târgu Jiu en 1937-1938, qu'il mène à bien son unique projet monumental. Sur un axe d'un kilomètre et demi traversant la ville, il place trois éléments symboliques : La Table du Silence, La Porte du Baiser et La Colonne sans Fin.

Quant à ses sculptures polies à l'extrême, elles ne laissent aucune trace du geste du sculpteur. Matière tactile et visuelle, telle l'œuvre : Sculpture pour aveugles. Brancusi s'intéressait beaucoup à la lumière, en témoignent ses jeux avec les œuvres en métal poli. "Il ne faut pas respecter mes sculptures. Il faut les aimer et jouer avec elles", disait-il. Une exposition à ne pas rater par son intensité et par sa riche documentation sur toute l'œuvre de Brancusi.
Patrick Amine
Paris, mai 2024
Brancusi
Centre Pompidou Paris, jusqu'au 1er juillet 2024
www.centrepompidou.fr

Notes :
Nocturnes exceptionnelles : 27 juin - 1er juillet 2024, jusqu'à 23 h.
le Centre Pompidou propose des nocturnes exceptionnelles du 27 juin au 1er juillet 2024, jusqu'à 23h.
Commissariat : Ariane Coulondre, conservatrice, service des collections modernes, Musée national d'art moderne - Commissaires associées - Julie Jones, conservatrice, Cabinet de la photographie, Musée national d'art moderne, Valérie Loth, attachée de conservation, Cabinet d'art graphique, Musée national d'art moderne. Catalogue de l'exposition, sous la direction d'Ariane Coulondre. 320 pages, 340 illustrations. 45 €.
"Brancusi, les métamorphoses de la sculpture" Documentaire écrit et réalisé par Alain Fleischer. Diffusion sur ARTE dimanche 14 avril à 9h50 et disponible sur arte.tv du 7 avril au 12 juillet 2024.

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