Wayne Thiebaud, exporevue, magazine, art vivant et actualité

Située dans un coin de paradis vert près de Bâle en Suisse, la Fondation Beyeler dédie une ample rétrospective à un artiste américain peu connu en Europe, Wayne Thiebaud.

Thiebaud (né en 1920 en Arizona, décédé en 2021) a été tout d'abord professeur de dessin et peinture et a eu des élèves connus, comme Bruce Nauman. Il s'est penché sur le style de vie américain, dans une tentative de pop art plus sophistiquée.

Ses tableaux sont peints soigneusement, à l'aide de couleurs intenses et contrastées. Thiebaud a produit beaucoup de natures mortes, avec une attention aigue aux détails. D'une part symboles de l'abondance et de la richesse, les gâteaux ou les légumes et fruits rappellent aussi la fugacité de la vie.

Les personnages, comme la femme dans la baignoire ou l'étudiante, sont tridimensionnels, mais elles n'expriment rien sauf une certaine absence d'esprit. Elles sont mises en scène dans des cadres plats, bidimensionnels. Le fond neutre ne nous dit rien sur l'histoire de la personne, sur son statut ou sur sa personnalité. Les personnages ne semblent donc pas avoir une individualité, mais sont des clichés ou des typologies (le couple blasé, le consommateur), parfois avec des échos dans l'histoire de l'art (la femme lisant un livre).

Vers la fin de l'exposition, dans les œuvres tardives, on remarque un retour à la nature et à des paysages froides, montagneux, mais aussi urbains. Thiebaud y utilise souvent la diagonale, un artifice mal vu par beaucoup de théoriciens, car les diagonales déstabilisent la composition.

Surtout dans la représentation des gens, on sent une fine ironie du peintre. Il semble se distancer de ses sujets, dans une observation froide. Mais l'exécution des tableaux est parfaite, sans reproche, académique.