La Sécession
Vienne 1900, Klimt, Schiele et leur Temps
Klimt, Schiele et leur Temps
Klimt, Schiele et leur Temps
Klimt, Schiele et leur Temps
 
 

Klimt, Schiele et leur Temps

Egon Schiele Autoportrait à la tête penchée, 1912 Leopold Museum, Vienne

 
 
 
 
L'exposition qui s'ouvre à la fondation Beyeler de Riehen à Bâle est magistrale par son contenu : une revisite, presque une résurrection des œuvres et réalisations de ces jeunes artistes qui, à cheval sur les 19ème et 20ème siècles, ont voulu "dépoussiérer" la scène artistique de Vienne.

Cette capitale impériale s'enfonçait lentement dans un conformisme pictural et formel laissant la place à d'autres capitales comme Berlin, siège d'un nouvel empire. Ils entendaient enfin faire "Sécession", se séparer définitivement de la Société des artistes plasticiens viennois où régnaient protectionnisme et médiocrité pour mettre au jour un nouveau concept "d'art total", englobant toutes ses composantes.

Bien que leur contemplation ne manque pas, à chaque fois d'étonner par leur puissance et leur perfection, il est inutile de parler encore des Klimt, Schiele, Kokoschka dont les œuvres couvrent les cimaises du monde entier. Ils avaient formé une nouvelle association, l'Association des artistes plasticiens d'Autriche, avec Josef Engelhart, Josef Hoffmann, Max Kurzweil, Wihelm List, Koloman Moser, Joseph Maria Olbrich et Alfred Roller, donnant "le signal de départ à l'oeuvre d'art total de la modernité viennoise". Pour ce mouvement, ils avaient besoin d'un monument. C'est ce que construit Joseph Maria Olbrich avec un pavillon d'exposition devenu pour longtemps le symbole de la ville de Vienne. En réalité ce pavillon était la matérialisation des nouveaux concepts architecturaux et de mobilier, partie intégrante de cette œuvre totale. Il n'y avait plus de différence entre arts majeurs et appliqués, entre artiste et artisan. Dans un élan de démocratisation de la culture, tout devait concourir à l'épanouissement de la pensée et au bien-être.

En réalité, la Fondation Beyler a réussi par cette exposition un autre tour de force : faire revenir le visiteur à une époque révolue qui, telles les esquisses Klimt sur La Lumière, la Philosophie et la Jurisprudence brûlés au cours de la Seconde Guerre Mondiale, a porté le deuil des drames du 20ème siècle. Le visiteur séduit d'abord par la beauté des œuvres présentées perçoit lentement un goût amer, mélange d'émerveillement, de nostalgie et de regrets. Car l'exposition nous fait entrer comme par effraction dans cette époque qui a façonné une Europe, certes non exempte de crises et de conflits, mais où la qualité, sinon la perfection, était à la base du progrès matériel, moral et social. Alain avait déjà pointé du doigt cette croyance ancestrale du progrès conduisant à la perfection, alors que c'est la perfection qui fait avancer. Les Sécessionnistes viennois l'avaient compris, eux qui entendaient apporter de la nouveauté grâce à leurs qualités. Dans cette ville de Vienne, venus de différents horizons, aucun d'eux n'étant de souche locale, des artistes plasticiens, des architectes, des artisans ont pu ensemble tenter l'expérience d'une création artistique globale à laquelle étaient associés des mécènes éclairés, cette bourgeoisie juive de Vienne qui fut par la suite exterminée par les nazis pour ceux qui n'avait pu s'enfuir. Cette courte période ressemble à la courte flamme revivifiée qui précède l'extinction définitive d'un foyer.

Cette exposition de la Fondation Beyeler apparaît à coup sûr - mais est-ce voulu ? - comme le contre-point de la création artistique actuelle qui à l'instar de la "Jet Art Society", est marquée par l'individualisme et la facilité. Il s'agit de fournir un marché de l'art avide de profits pharamineux qui n'a que faire du savoir-faire et de la qualité et qui bégaye en réactualisant des concepts éculés…
Pierre Bourdieu le disait (Penser l'Art à l'école) "toute une partie de l'art contemporain ne sort pas de lui-même"
 
Bernard Blum
Bâle, octobre 2010
 
 
Fondation Beyeler, Vienne 1900, Klimt, Schiele et leur temps
du 26 septembre 2010 au 16 janvier 2011
www.fondationbeyeler.ch
Catalogue édité par Barbara Steffen en anglais et allemand
272 pages avec 289 illustrations ; CHF 68, ISBN 978-3-905632-85-9


Autres liens :
Leopold Museum, Vienne
Albertina, Vienne
Kunsthaus Zug Stiftung Sammlung Kamm
Belvedere, Vienne
MAK, Vienne
Neue Galerie, New York
Wien Museum
Wiener Secession

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