Tomas VuNew York
Tomas Vu
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Tomas Vu |
Tomas Vu est diplômé de l'Université d'El Paso au Texas et de l'Université de Yale et a exposé aux U.S.A, en Europe et en Asie. Ses oeuvres font partie de collections privées et de la collection permanente de la New York Public Library et de la Library of Congress, il a enseigné au Bennington College, à l'Université de Brandeis et au Massachusetts College of Art.
Actuellement Professeur d'arts plastiques au LeRoy Neiman de l'Université de Columbia, il est aussi depuis sept ans le directeur artistique du Neiman Center for Print Studies, c'est dans ce cadre qu'il a co-créé les projets financés par Columbia University avec les plus grands artistes américains, Lee Friedlander, Kiki Smith, Polly Apfelbaum, Robert Lazzarini etc.
Deux événements ont engendré son regard sur le monde. Jeune enfant au Vietnam, la guerre le prive brutalement de son père et amène sa famille à émigrer aux Etats-Unis, à douze ans avec son beau-père G.I. Il ne parle pas anglais et ses seuls moyens de communiquer sont les mathématiques et le dessin. Prédétermination artistique. Bien plus tard, à New York, le jeune père, qu'il est devenu assiste au "9-11", l'effondrement des Twin Towers; cet événement tragique, une nouvelle fois, le privera d'un membre de sa famille. Stupeur face à l'horreur, absence patente de réponses aux questions des familles touchées par ce drame, l'ont amené à une quête, une recherche de sens face à l'insensé. Une quête intime, profondément ancrée dans son être. Quel héritage spirituel, quel regard proposer à ces enfants qui, adultes, nous questionneront, chercheront à saisir l'insaisissable ? Le travail de Tomas Vu est intensément imprégné du legs qu'il souhaite leur laisser, héritage pétri de questions, de doutes, d'espoirs et d'un certain regard sur l'histoire. Au-delà de ce passé inscrit dans sa chair et sa mémoire, cet artiste est aussi imprégné de maîtres européens. Dante et La Divine Comédie, Jérôme Bosch et Le Jardin des Délices qui en évoque sur le plan plastique une version allégorique et il crée une esthétique singulière de la perspective que M.C. Escher ne renierait pas. En 2006, avec sa série Black Ice, il aborde l'univers de Dante, puis dans son travail récent, ses trois séries Flat Land sont structurées sur l'articulation principale de La Divine Comédie avec ses trois royaumes, l'Enfer, le Purgatoire et le Paradis. Trois royaumes, trois séries. Noire, sombre allusion à l'enfer, grise, portant en elle le Purgatoire et blanche, lumineuse, radieuse du Paradis et de l'espoir. En cela, Tomas Vu aborde la tragédie avec une vision profondément romantique. Car ce cycle ternaire est créé et exposé en cercle, en spirale, de manière à n'avoir ni début ni fin, de cet enchaînement en boucle peut émerger l'espoir que le Paradis soit l'aboutissement… Il explore avec une grâce pénétrante le surnaturel, l'étrange, l'inconnu. Entre S.F. et vision cosmique, terres oubliées et avatars, son univers nous projette entre explosion et implosion. Abstraites ou explicites, ses compositions dégagent une énergie troublante, on peut se perdre à l'infini dans ses formes complexes, ses personnages mutants, ses entités hybrides entre nature et machine, entre homme et animal. Il explore un monde de l'entre-deux, un monde de métamorphoses, d'accélérations que l'on devine fulgurantes. Trous noirs, naines blanches, cosmos abyssal offrent un champ d'expression et de rêves sans fin, qui nous happe et nous absorbe. S'y insèrent un univers intergalactique, des machines de guerre, des embryons de nature fantastique, des morceaux d'usines dont les cheminées rappellent les châteaux de conte de fées… De cet univers émerge une beauté énigmatique, une esthétique d'une finesse, et d'une délicatesse infinie, fascinante, captivante. Comme beaucoup d'artistes formés aux Etats-Unis, il fait preuve d'une grande maîtrise technique, notamment de la gravure et la sérigraphie. Ses vastes toiles et ses œuvres sur papier sont complexes et consistent en une succession de passages denses, multiples, de strates colorées, de lignes architecturées, qui créent un réseau dans lequel on peut se perdre, de collages de matières diverses, bois, papier, cartons aux formes d'une extrême précisions, et finesse. Ses passages aléatoires de formes blanches sérigraphiées créent une étrange relation spatiale entre les éléments qui semblent flotter dans ce cosmos imaginaire. Des paysages aquarellés apportent soudain une fragilité, une poésie dans ce monde que la technique semble avoir envahi, gangrené. Chaque toile nous emporte dans un tourbillon de sensations, de mémoires, d'infinies interprétations, l'esprit vagabonde jusqu'à s'y perdre et une évocation apparaît pour disparaître et laisser place à d'autres révélations. Une atmosphère étrange nimbe chacune de ces représentations. Série noire, série gris métal ou série blanche, glacée et virginale se succèdent. Intelligence artificielle, mystique de l'horreur, espoir d'une conscience retrouvée, chacun peut s'y lire en boucle et explorer ses propres tourments, ses doutes mais aussi ses espoirs et sa pureté originelle. Qualifiée de vision "post-moderne" du Jardin de Délices de Jérôme Bosch, le travail de Tomas Vu est imprégné de l'influence de Goya et de son regard sans concession sur les guerres et leur horreur. Edith Herlemont-Lassiat
New York, mai 2009 |