deux "troncs"
de métal
descendent
un "lançoir"
à l'heure dite
"entre chien et loup"
comme le faisaient
autrefois
les grumes
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Sylvie de Meurville, "Ce qui se passe entre"
Est-ce l'essense de la vie que de tomber pour se relever inlassablement…
C'est un peu comme si toute son oeuvre d'art était tendue vers la maîtrise du "déséquilibre" comme quête de la sérénité.
Cette mise en exergue de la pesanteur s'est traduit dans un passé récent par les mouvements empreintés aux vagues ou à l'apparente anarchie des mottes de terre, où ce "bord" de la perte de stabilité était visible dans ses sculptures comme ses dessins, non par défaut mais par recherche.
Les sculptures de Sylvie de Meurville sont souvent à la limite de la chute, physiquement comme conceptuellement parlant, et étrangement, cette fragilité tend plutôt vers la plénitude, opposition apparente à son travail sur la matière et le métal, sa grande spécialité, travail ingrat s'il en est…
Sylvie de Meurville, "Ce qui se passe entre"
Aujourd'hui elle pousse son concept à la "chute" pour parachever son projet plastique et il s'en dégage un sérieux "équilibre", d'une énergie incroyable, pas seulement cinétique ou puisée dans les forces de la nature.
La très belle performance "Ce qui se passe entre" que nous offre Sylvie de Meurville en cette fin d'été 2003 dans et avec le soutien du Parc Naturel des Vosges du Sud (des projets sont en cours avec le Parc Naturel des Vosges du Nord) est une continuité logique dans cette idée de perte d'équilibre : deux "troncs" de métal descendent un "lançoir" à l'heure dite "entre chien et loup" comme le faisaient autrefois les grumes pour finir leur vie à la scierie… un acte complet.
Le conflit entre "écrire" la nature ou "sévir" en son sein même, se dialectise par "être" la nature, la prolonger : interroger son point d'équilibre pour trouver son "point d'orgue".
En sus de l'arrivé du "dynamique" dans son travail, sa maîtrise de la scénographie et sa passion récente pour la lumière, ses "troncs" sont éclairés de l'intérieur, ce qui, dans la poussière en dévalant la pente, poursuit son bon rapport à l'esthétique, malgré qu'elle s'en défende. Les deux très belles plèces de métal s'accompagnent aujourd'hui d'une vidéo, élargissant le champs de ses investigations.
Philippe Agéa, Paris, octobre 2003 Photographies et extrait vidéo de Sylvie de Meurville
Sylvie de Meurville, "Ce qui se passe entre"
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