Exposition Universelle Shanghai 2010, exporevue, magazine, art vivant et actualité

Dans le cadre de ses soirées conférences débats, Artcurial Studies a présenté le 3 décembre 2008 l'Exposition Universelle Shanghai 2010, deuxième conférence de son nouveau thème Villes et Musées du Futur ; trois intervenants invités par Pauline de La Boulaye nous ont permis de comprendre l'évolution des mentalités à travers une urbanisation galopante (José Frèches, Président de la Compagnie Française de l'Exposition de Shanghai, la Cofres), les nouveaux impacts d'une exposition internationale (Vincente Loscertales, secrétaire général du Bureau International des Expositions) et le projet en soi (Pauline Marchetti, architecte en charge du pavillon de la France pour Jacques Ferrier).
L'Etat français, actionnaire unique, a créé la COFRES SA, La Compagnie Française pour l'Exposition de Shanghai 2010, une société par action simplifiée au capital de 37 000 €. Cette société est chargée de la construction du pavillon et de son animation. Présidée par José Frèches, Alain Vauthier est le Commissaire Général de la section française. Le budget total de la France est de 50 millions d'Euros qui viendront de financements publics et privés. Les entreprises mécènes à concurrence de 1,5 millions d'euros constitueront le club des grands partenaires du Pavillon de la France.

L'urbanisation rapide et la croissance vertigineuse de la Chine sont en train de modifier la civilisation chinoise en profondeur. A travers une série de diapositive, José Frèches nous a montré "ce qu'est une ville aujourd'hui en Chine" ?
XI AN est une ancienne capitale dépourvue de ruines. Il faut noter que la notion de patrimoine est différente en Chine : on reconstruit la même chose aux mêmes endroits mais avec des nouveaux matériaux. Le communisme a tracé les grandes avenues et après 1980 la construction des tours commence.
CHONG QING ne voit le soleil que trois mois dans l'année en raison de la pollution. C'est une ville pentue, sans vélo, mais en revanche beaucoup de voitures générant une circulation effrénée. Il est habituel de voir des piétons avec leur baluchon traverser les autoroutes ! Pour loger ses 35 millions d'habitants de nombreuses tours ont été construites. Le logement est le premier crédit sur 35 ans principalement dans du neuf (pas de revente). L'absence de transport en commun implique que le crédit voiture arrive en deuxième position.
WU HAN est une ville industrielle dans laquelle l'influence allemande est perceptible : sous l'époque communiste la population de cette ville était en relation avec l'Allemagne de l'est, ce qui explique la formation d'architectes et d'artistes chinois aux Beaux Arts allemands.
SHEN ZHEN est surnommé "l'atelier du Monde". On y trouve toutes les usines financées par les chinois d'outre-mer.
BEIJING et ses contrastes : le célèbre stade national des Jeux Olympiques, la place Tia An Men, les "Hutong", et l'Opéra du français Paul Andreux, architecte passé ici sous silence.
SHANGHAI, la ville la plus singulière, car la plus ouverte par rapport au reste de la Chine (déjà colonisée dans les années 30) est actuellement une des plus grandes capitales économiques du 21e siècle. Elle est dans la course à la consommation, aux divertissements et aux records architecturaux : tour de la perle d'Orient (492m), tour Jim Mao, Shanghai Word Financial Center. La tour la plus haute du monde est en construction, là aussi en compétition avec Dubaï.

Cette croissance urbaine vertigineuse n'est pas sans problème et les chinois doivent trouver un modèle… En cela, ils rejoignent la finalité de l'exposition : présenter différentes facettes d'harmonies : harmonie entre l'homme et la nature, harmonie entre le passé et le futur et harmonie entre les hommes. D'où le thème de Shanghai 2010 "Meilleure ville, meilleure vie" qui se décline en 5 sous-thèmes :
– le métissage des différentes cultures dans la ville
– la prospérité de l'économie urbaine
– l'innovation technoscientifique dans la ville
– le remodelage des communautés urbaines
– l'interaction entre la ville et la campagne

Vicente Loscertales nous présenta l'Exposition Universelle Shanghai 2010 (1er Mai au 31 Octobre 2010) :
– 5 km2 de site au total
– 3 km2 de site pourvu de pavillons
– 222 pays vont participer dont 14 pays sans relations diplomatiques avec la Chine. 80 à 100 millions de visiteurs sont attendus sur 6 mois soit 500 000/jour. C'est donc la plus grande Exposition Universelle de tous les temps ! Rappelons aussi que la population chinoise ne voyage pas hors de ses frontières et y sera donc représentée massivement.

Les expositions sont devenues un puissant outil de dialogue qui offre au citoyen un accès aux grands débats internationaux d'aujourd'hui. Une Exposition Universelle n'est pas qu'une simple vitrine, un inventaire d'objets et de techniques innovantes, mais une vision futuriste, un processus d'éducation, d'échange de sensibilité. Ce sera un facteur d'évolution pour la population chinoise, un dialogue ; cette exposition amènera le monde à la Chine et la Chine au monde !
Ce thème choisi "Meilleure ville, meilleure vie" par les autorités chinoises pour répondre à une nécessité correspond à la situation interne de la Chine, mais aussi à d'autres pays en voie de développement. Jusqu'à présent toutes les expositions universelles s'étaient passées dans des pays développés, celle-ci marque un changement fondamental où les pays développés accueilleront les pays en voie de développement.

Et enfin, Le Pavillon de la France fut présenté par Pauline Marchetti. Le concours fut lancé en décembre 2007, et c'est à l'issue d'un dialogue compétitif que le projet de Jacques Ferrier fut désigné lauréat le 17 mars dernier parmi les projets finalistes de ARM architecture : Matthieu Poitevin, Périphériques architectes, Anne-Françoise Jumeau, David Trottin et Rudy Ricciotti Architectes.
Jacques Ferrier a conçu le pavillon de la ville sensuelle, décliné selon les 5 sens (la vue, l'odorat, l'ouïe, le toucher, le goût), plus l'équilibre et le mouvement, tout en exprimant l'Art de vivre à la française, façon 21e siècle.

La façade extérieure du bâtiment se présentera à nous telle une résille soulevée du sol afin de répondre à différents objectifs : légèreté architecturale et maîtrise du flux tendu des visiteurs.
Une fois le visiteur à l'intérieur, il découvrira au centre un plan d'eau rafraîchissant et à la verticale des jardins à la française. Ceux-ci procureront une sensation de fraîcheur et de calme dès l'entrée.
Pour accéder aux étages, le visiteur empruntera une rampe d'accès (dans le style de celle de Franck Lloyd Wright au Guggenheim), le long de laquelle des poches de zones de calme sont prévues (il faut savoir qu'après une attente estimée de 30 minutes à 1 heure au rez-de-chaussée, le promeneur sera ravi d'expérimenter ces endroits disséminés sur un parcours au final de 15 minutes).

Trois grands éléments résument l'ensemble : Une pièce d'eau, un jardin à la française en écho à notre art de vivre et enfin une résille qui donne son identité au bâtiment en exprimant une certaine sensualité, un savoir-faire français. La résille et l'entre-deux font référence à la Tour Eiffel et le béton blanc n'est pas sans rappeler le travail classique de nos pierres blanches.
Des espaces de restauration sont prévus dont un restaurant gastronomique (un appel d'offre pour un grand chef est en cours).
Sous réserve de confirmation, des artistes de la jeune garde française seront sélectionnés en janvier 2009 et une exposition de photographies concentrera nos symboles de l'art de vivre à la Française : Château de Versailles, tonnelier, tapisserie, tissus brocart …