SFM, Stéphane Fradet Mounier, Cubesles formes familières du sacré
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Autrefois on s'en faisait une montagne, du sacré. Puis on l'a perdu de vue. Les recherches de Stéphane Fradet Mounier le remettent en perspective. A la suite d'une réflexion plastique sur toutes les formes du symbolique, il effectue un retour à la simplicité, fruit d'une véritable ascèse qui dépouille les mythes de leur surcharge obscurantiste. Et là c'est la surprise, la découverte grâce à l'efficacité de sa démarche des formes familières du sacré : labyrinthes, échelles, croix, cubes accompagnent les parcours initiatiques, les soutiennent jusqu'à leur possible élévation. Ils ne sont pas des buts mais des départs, ils appartiennent à l'envol ou à la chute, à l'ouverture, à l'évasion, jamais à la destination, jamais à la fermeture.
J'aime ces trois petites échelles qui ne se joignent pas dans l'œuvre de Stéphane Fradet-Mounier. J'aime aussi son labyrinthe, sa spirale et leur symbolique. Avec ses qualités formelles, l'échelle enracinée à sa base mais sans appui à son sommet est évocatrice de tous les dangers liés au devenir, à ses refuges que sont les rêves, les utopies, les avenirs radieux et les mirages des au-delà… La ligne brisée qui semble hésiter, se contredire n'a pas fière allure à côté de la ligne droite. Elle nous mène en bateau, sous le vent, jamais droit au but. Elle désoriente, elle nous impose de choisir, de prendre nos responsabilités. A gauche, à droite, au nord, à l'ouest? Le labyrinthe de SFM vous le rappelle, il s'agit d'avancer sans voir la fin, avec des hauts et des bas, des repentirs et de nouveaux départs. Et ce chemin qui serpente finit-il encore bien souvent par un calvaire. Tant d'efforts pour un chemin de croix ? C'est ne pas comprendre que la crucifixion est un début et non pas une fin. L'alliance, ce gros anneau dont on pense s'être délesté, SFM l'a coulé dans le bronze. L'individu ne se suffirait-il pas à lui-même ? Le vide lui-même quelquefois se charge d'électricité et d'éclairs foudroyants. L'individu ploie sous le poids de ses dénégations, à la recherche de quelqu'un qui ne serait pas comme lui… Derrière tous ces symboles se révèle une leçon perdue par l'occident : la vie c'est l'aventure, l'inconnu, le danger, l'effort de sortir des illusions abstraites pour affronter l'infini. Ni l'homme, ni le monde ne sont à leur achèvement, ils n'ont que faire de précautionneux préservateurs, embaumeurs illusionnistes… L'œuvre de SFM porteuse d'avenir et d'ouverture mérite d'être interdite par Bruxelles. Sfm excelle à fondre dans le métal le concept et la forme et la matière. La réflexion symbolique qui sous-tend les œuvres de SFM s'incarne dans ses "étains" peints à l'époxy qui sont autant de sortie du tombeau. Yvon Birster
Paris, mai 2010
SFM et Kwon Dal Sul, jusqu'au 31 mai à la Galerie Montmartre, Pusan, Corée du Sud
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