La future éclipse du 11 août 1999 a déjà fait couler beaucoup d'encre en prédictions diverses, et des prophètes de tous poils sortent de leurs tanières. Universellement considérés comme des événements dramatiques, les grands phénomènes naturels ont toujours eu une influence étrange sur les hommes en révélant leur part animale.
Au cours de l'histoire de l'humanité, ces derniers ont interprété et réagi de façon très différente aux éclipses.
Les Incas leur opposèrent des sacrifices et l'éclipse solaire fut considérée comme le signe annonciateur de la fin de l'empire, avec l'arrivée des Espagnols.
En Asie Mineure, sur le plateau Iranien, Mèdes et Perses, au cours d'une bataille, 585 avant J.-C., prirent une éclipse solaire pour un signe de paix.
L'Odyssée en mentionne une entre l'an 75 et 83.
Dans la Chine du troisième siècle, la population jouait du tambour pour les chasser et le mot manger s'écrit encore avec le même idéogramme que le mot éclipse.
Tout pour ouvrir la porte aux contes et légendes.
Chez les Thais, l'éclipse de Lune est causée par une énorme grenouille qui tente de l'avaler.
Chez les Hindous, l'astre est dévoré par un monstre, symbolisant sa mort.
Les égyptiens sous l'égide de Râ mêlèrent haute civilisation et barbarie.
L'Islam a toujours ses prescriptions canoniques et les bouddhistes leurs cérémonies à l'occasion du phénomène.
Mais après la tempête vient le beau-temps.
Le ying (lune) contre le yang (soleil), l'individu éclipsé par le collectif, le pouvoir effaçant la personne... la dualité évidente qui se superpose, annonciatrice de dérèglements catastrophiques.
Il existera même un hebdomadaire satirique, au cours de la deuxième moitié du 18ème siècle en France, nommé l'Eclipse, étonnamment précédé par le journal La Lune, critiquant institutions et pouvoirs, et qui disparaîtra avec la Commune.
Depuis le 17ème siècle on dénombre pas moins de 37 éclipses solaires et certaines furent étudiées par des scientifiques de renom : Kepler, Halley... La déviation des rayons lumineux par le champ de gravitation du Soleil, prévue par la relativité générale d'Einstein, fut observée pour la première fois pendant une éclipse de Soleil au Brésil en 1919. Ces mêmes scientifiques aujourd'hui parlent des courbes de lumière, des étoiles variables à éclipses. Mais toutes ces certitudes n'empêchent pas les instincts ataviques.
Les artistes seraient-ils plus à même d'exprimer ces allégories de l'inconscient collectif ?
Vaste sujet pour une occultation astrale, qui ne l'est pas moins. Un certain nombre d'entre eux ont relevé le défi, sachant que l'idée de nature cotoie l'art contemporain depuis ces vingt dernières années.
L'été 99, grâce notre cher système solaire, promet d'être riche en créations sur le propos et nous réserve son lot de surprises.
P. A.
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