"No discipline", 25 ans de rétrospective
une exposition majeure de l'architecte–designer-plasticien israélien Ron Arad
Ron Arad
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Après avoir récemment accueilli une autre rétrospective dédiée à Dominique et Aude Perrault, architectes de la BNF, la Galerie sud, accueille une gigantesque structure alvéolaire organique qui dévoile trois espaces dédiés à la présentation de ses réalisations architecturales, industrielles et artistiques.

Ron Arad créateur polyvalent, circule en permanence entre ces trois univers de création avec un vocabulaire formel singulier.
La scénographie est fluide et aboutie.

Le début de l'exposition provoque une vision hypnotique. Les rythmes des jeux de couleurs des mobiliers d'éditions limitées - résine rouge profond ou bleu nuit striées de lignes blanches - sont démultipliés par leur mise en scène. Ces pièces uniques sont posées sur des miroirs aux formes organiques rampant du sol au mur et se multiplient à l'infini dans un jeu de caléidoscope. La présentation des objets industriels dans des tubes en carton rappelle celle de la grande distribution pour laquelle certaines créations ont été déclinées. L'ensemble se projette en ombres chinoises sur un voile de tissu lumineux.
Une ambiance musicale lancinante utérine évoque les fonds abyssaux. C'est le "son blanc", il crée une sphère protectrice et enveloppante, voile sensoriel et palpable, à peine strié de quelques grincements de pièces en mouvement. Le sol est un gigantesque carnet de croquis et de mots qui rythme l'espace de ses fulgurances iconoclastes. "no discipline".

On perçoit d'emblée dans l'univers de Ron Arad une structure mathématique, logarithmique, un langage de rigueur et une perfection des formes. Beaucoup de rondeur et de courbes. Ovoïdales, hélicoïdales, elles évoquent le ruban de Moebius, dégagent une évidente fluidité et présentent sous leur rigueur industrielle une approche de la symbolique universelle et une plongée dans l'univers cellulaire. In-out, zéro-infini, voyage en boucles, itinéraire en spirale ponctué d'arrêts miroitants de nos propres reflets… la fluidité de l'ensemble des pièces dégage une sensualité glacée. L'ergonomie de certains sièges saisit par l'évidence de leur mécanique et la simplicité d'un jeu de construction intelligent imprégné de la culture du Bauhaus. Vision industrielle et artistique se télescopent.
Traitements des surfaces de métal ou de résine et courbes des objets convergent pour refléter l'impermanence. Elles sont conçues pour que la rétine ne puisse s'approprier une vision stable. Chaque surface est miroir, concave - convexe et capte tout ce qui s'y reflète. Ces vibrations visuelles révèlent le mouvement des photons et dégagent une énergie vibrante.

Les projets d'architecture sont à cette image, spirales, légèreté, univers matriciel de lumière et de fluidité.
 
Edith Herlemont-Lassiat
Paris, mars 2009
texte et photos
 
 
Rétrospective Ron Arad du 20 novembre 2008 au 16 mars 2009
Centre Pompidou, Place Georges Pompidou, 75004 Paris,  www.centrepompidou.fr
Le site de Ron Arad : www.ronarad.com et lire "Accro de la "forme""

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