Marc Riboud
Marc Riboud
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Marc Riboud
Marc Riboud
Marc Riboud
Wu Jia Lin
Wu Jia Lin
Wu Jia Lin
Wu Jia Lin
 

Marc Riboud

© Marc Riboud.

 
 
 
 
L'œil du poète amoureux de la vie, l'oreille fine du marcheur et la détermination de l'homme engagé… Une rencontre pleine et créatrice, leçon de vie, de joie et d'écoute…

Ce "jeune octogénaire" rayonne, sous l'œil attentif de sa femme, dont il évoque avec tendresse et humour le rôle fondamental et structurant dans sa vie. Silencieux lorsqu'il vous observe de son œil malicieux, il devient prolixe lorsqu'il partage ses aventures de vie. Son incroyable mémoire est probablement due à sa très grande présence à l'instant, sa profonde présence à soi, à l'autre. De son regard intense, rieur, il vous sonde avec douceur et offre une profonde complicité d'êtres.

Il a l'humilité tranquille de l'homme qui, tel Théodore Monod, autre sage, et observateur insatiable des déserts, a parcouru des milliers de kilomètres à pied, au service d'une passion jamais éteinte, une passion communicative. A peine rentré de New York où il a suivi les élections américaines, Marc Riboud, nous a accueillies dans son appartement parisien, chargé de mémoires, de livres, de planches contacts. Un lieu imprégné d'une vie d'aventures, de rencontres, témoignage précieux d'un siècle fini et pourtant si présent, dont l'actualité nous inonde encore de ses soubresauts. Leçon d'histoire à portée de nos yeux curieux.

Il expose ce mois-ci, au cœur du VIè arrondissement, à la galerie Lipao-Huang, avec son fidèle ami Wu Jia Lin, nous parle de leur rencontre, en 1993 à Shenzen et de leur lien indéfectible. Il en parle comme d'un profond lien d'amour. Beau sens rendu à ce mot depuis longtemps galvaudé et vidé de son sens profond, universel, ici réhabilité dans cette dimension pure.

L'homme mondialement reconnu et honoré parle surtout de Wu Jia Lin, photographe autodidacte Sichuanais. Il en parle avec passion, humilité : "J'ai appris formidablement de lui…" Tout aussi simplement, il nous lit un extrait de l'une des nombreuses lettres que lui a adressées Wu Jia Lin: "La pureté de notre amitié fait des envieux, elle a été un encouragement silencieux pour mon travail et explique encore mon ardeur d'aujourd'hui." Marc Riboud décrit avec émotion et détails leur rencontre. Puis dans sa suite, il narre la saga incroyable de ce photographe autodidacte chinois, considéré depuis, comme le Cartier-Bresson de la Chine. Tout cela est ancré dans sa mémoire. Il partage ses souvenirs avec une délectation gourmande.

Le soir du vernissage, Marc Riboud raconte ses photos, l'œil rieur, (celle-la, c'est pour manger, elle s'est beaucoup vendue…), observe et commente la qualité des tirages; chaque image est une histoire enracinée dans sa mémoire, un souvenir précis, nourri… Un moment de vie, intemporelle.

Les photos sélectionnées par la Galerie Lipao-Huang pour l'exposition "regards croisés" sont un pur plaisir…

Celles de Marc Riboud: "le peintre de la Tour Eiffel, célébrée en 1953, immortalisée par LIFE, personnages saisis sans fard, dignité de la passante à la cigarette, vieille dame vêtue en aristocrate, fière comme une princesse douairière - saisie en 67, époque où seules les femmes aristocrates d'un certain âge avaient le droit de fumer dans la rue - Chine ouvrière, paysanne, ou simples scènes de rue, réalités émouvantes et intrigantes d'une Chine disparue. Regrettée. Une Chine qu'il a aimée avec passion et connaît en profondeur. Vibrante, joueuse, émouvante et humaine. Une grande photo plus récente de la Cité interdite, masse imposante du mur rouge profond, théâtre d'un sitting paisible, multicolore de citadins contemporains Nokia à l'oreille. Géométrie des constructions, émotion, cocasserie, contre-pieds. L'amour de la vie émane de toutes ses images. Et toujours cette esthétique sobre, dépouillée, d'un message univoque.

Celles de Wu Jia Lin, nous dévoilent une Chine paysanne, touchante, éminemment humaine, simple. Les animaux y ont une place d'honneur, ils font partie de la vie en sont acteurs à part entière. Le temps s'est arrêté, l'humilité est prégnante, profonde reconnaissance de la Chine de l'intérieur.

En plein vernissage, une jeune artiste, impressionnée, vient doucement présenter à Marc Riboud une de ses créations, images et textes, son carnet de route personnel … Celui-ci le consulte, attentif, lui offre un vrai regard, quelques mots, justes, sincères, un encouragement précieux. Encore le goût de l'Autre.

Merci Monsieur Riboud.
 
Edith Herlemont-Lassiat
Paris, décembre 2008
Thalys
 
 
"Regards croisés" - Marc Riboud - Wu Jia Lin, jusqu'au 24 décembre 2008
Galerie Lipao-Huang, 16, rue Dauphine, 75006 Paris
www.galerie-lipao-huang.com - tél. : +33 1 43 54 14 90

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