Emmanuelle Renard, Galerie UNI-VER, Paris, exporevue, magazine, art vivant et actualité

Depuis vingt ans, Emmanuelle Renard nous émeut par la pratique de différentes techniques, et notamment par la gravure sur linoléum. Son utilisation du carborundum associé à son instinct compose cet expressionnisme à la fois acidulé et amer. On retrouve les influences d’Oskar Kokoschka, et surtout d’Egon Schiele avec son goût de l’érotisme et ses talents de marionnettistes envers ses propres créatures.
Dans l’arène cauchemardesque du grand cirque de la vie, l’artiste semble déposer sa vision du monde sur un fil qui a son gré, se détend, se noue, emmenant ses êtres vers un déséquilibre permanent. Ces effigies aux morphologies excentriques, natives de traits nerveux, font face à des situations oniriques improbables, avec un certain étonnement, dont la finalité est évidente torture spirituelle. Tandis que les corps se déforment, tentent de contrer les épreuves quotidiennes, l’esprit tend à une autre solution. C’est toute une chorégraphie complexe, violence sourde, qui s’étend devant nos yeux, une lutte indissociable, une tauromachie incessante de sentiments confrontés, ou l’éclat de la vie se trouve dissimulé derrière la souffrance.

La noblesse de l’être humain dans ce travail se devine et révèle sa vraie nature, une lumière éblouissante et contrastée même si la palette de couleur n’est pas la priorité de l’artiste. Aux contours noirs et ténébreux de l’homme se lie un cœur palpitant passionné à la recherche d’une intensité vitale.

On retrouve avec limpidité une extériorisation de la tension morale, physique, psychologique engendrée par une société où chacun doit faire sa place dans une violence plus ou moins ardue. On ne peut rester intact devant ses créations qui provoquent malaise, où happe les regards vers des scènes convulsives ou l’humour noir est à l’honneur.