Dégelée Rabelais

Dégelée Rabelais

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Dégelée Rabelais

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Dégelée Rabelais

Dégelée Rabelais

Deuxième manifestation, conçue et coordonnée par le FRAC de Montpellier sur trente-deux sites de la Région, elle succède à l'exposition "Chauffe, Marcel" de 2006 qui eut un franc succès. François Rabelais, la référence thématique, est né à la "Devinière" près de Chinon en Touraine en 1494 et est décédé en 1553 à Paris. Il fut un étudiant errant, d'où son passage à l'école de médecine de Montpellier. Dans ses écrits, il concilie culture savante et tradition populaire. La réunion sur le territoire d'artistes dont les œuvres sont empruntées à la fourberie, à la provocation, à l'humour et à l'appétit pantagruélique, rendra plus actuels les écrits et la personnalité de cette figure emblématique de la littérature française.

Chaque exposition prend appui sur un thème des cinq livres avec une figure : Guargantua, Pantagruel, Panurge, Bacbuc la dive Bouteille… et un sujet : la nourriture, la guerre, le langage, les navigations… ou des passages précis du Corpus Rabelaisien (les paroles gelées, la déclaration de Priape au livre V…). Les titres des expositions s'efforcent aussi de symboliser chacun une thématique. Ainsi Gorge Profonde de Gargantua évoque Saint Blaise (patron des maux de gorge), mais aussi, le géant plasmateur qui façonne le paysage. Pantagruel est l'ogre et la bonne chair, la Vieille et le Lion renvoient à la période caniculaire, aux figures de Carnaval et aux symboliques liées à cette période. Comme au château d'O de Montpellier, Panurge dit tout et n'entend rien ! Il est étymologiquement "celui qui met tout en œuvre", "pan-urgos", permet de déployer tous les aspects du langage. Comme "des choses gelées", fait référence à l'épisode des paroles gelées et de la déconnexion entre les signes et les choses.

Les expositions sont liées à un contexte lui-même porteur de la problématique de la manifestation. Ainsi, "La Dégelée Rabelais" se construit autour de deux axes destinés à se rejoindre : celui de l'imaginaire littéraire et artistique et celui d'un territoire avec une histoire qui lui est propre.


Quelques exemples de lieux d'expositions :

Le CRAC de Sète : Sens dessus dessous (Le monde à l'envers)
Le sens est sens dessus dessous, sans dessus, ni dessous. Au travers du "Mundus Inversum" se lit une constellation de pensées et de pratiques liées à l'inversion et au retournement. On parcourt la topique du Monde à l'envers. La salle de gauche est consacrée à cette énorme machine à manger "Cloaca" de Wim Delvoye. Elle fonctionne par cycles d ingestion et de digestion, attention aux odeurs Eric Duyckaerts avec "Kant" joue sur le retournement du langage avec son installation. Annette Messager crée sur l'opposé "Mappemonde" le Monde à l'envers et les métaphores, genres des mondes ainsi que Miguel Barcelo avec "Elefandret" sculpture en bronze d'1T5, Le pachyderme qui tient sur sa trompe. Glenn Baxter œuvre avec ses dessins sur l'autodérision, tradition anglo-saxonne oblige du non-sense. Michel Giroud écrit sur un pan de mur sur l'envers des écritures. S'ensuivent les inquiétantes fictions vidéos de Harald Thys & Jos de Gruyter où le sens n'est pas affaire de couche ou de stratification. Tous ces artistes mettent bien en perspective la question du Sens. Les commissaires de cette exposition Bernard Marcadé et Noëlle Tissier directrice du Crac nous convient comme d'habitude à des expositions de bonne qualité.

Lattes : Musée Archéologique "La Femina"
Les sculptures de Johan Creten interrogent de diverses manières l'image du corps. Elles se fondent dans ce musée d'un autre temps, devenant un lieu de fantasmagorie joyeuse. Ses sculptures sont à la fois inquiétantes et sensuelles. Il fait référence à Gargamelle, la fille du Roi des Papillons, la mère de Gargantua. L'artiste amplifie un imaginaire corporel par une hybridation de corps et de motifs naturels (vagues, alvéoles, pétales de roses, fruits, coquillages…). Aussi, il explore la dimension même du désir, considéré du côté de ses plus étranges profondeurs. Ses sculptures sont l'expression d'une qualité et parfois d'une préciosité du corps grotesque de la fin du Moyen-Age. C'est un travail, précieux, rare, artiste à suivre.

Aigues-Mortes : Rencontre d'un Roi et d'un Empereur en Ile sonnante
Les remparts d'Aigues-Mortes traitent la rencontre du Roi François 1er et de Charles Quint. Un étrange bestiaire évoquera la rencontre en juillet 1538 à laquelle Rabelais, ambassadeur du Roi, assista. Il a fallu de quoi nourrir les princes et toute la Cour. Les moutons de Panurge coloriés suspendus aux remparts de Maurin & La Spesa nous invitent à entrer dans la vieille ville. On se balade dans les remparts et nous butons sur les œuvres de Daniel Firman "I am a bird", autruche tête en bas (elle a peur) et l'autruche à deux têtes naturalisées à la Porte Saint Antoine. Plus loin se trouve l'œuvre "On ne mange pas toujours ce qui est sur la table" avec ses 300 poussins jaunes de Delphine-Gigoux-Martin. On continue une installation remarquablement bien faite de cette même artiste, dans ses vieilles pierres, dans la porte proche de la mer, opposée à celle de l'entrée, vaut le coup d'œil. L'œuvre, un extraordinaire envol d'oies à l'intérieur de ses remparts "La rôtisserie de la Reine Pédauque" 2007, l'histoire des cages et des oiseaux dont le passe-temps était de s'esbaudir, gazouiller et chanter (Cinquième livre, chapitre 6)

Pont du Gard : Gorge Profonde de Gargantua
A sa naissance, Gargantua réclame à boire, son père Grandgousier s'exclame : "Que grand tu as" ! La gorge outre ingurgité et régurgité, est un tuyau donnant accès à l'intérieur du monde. Le Gard où coule le Gardon, n'est il pas lui aussi une gorge ? Les œuvres sont en analogie avec la gorge comme un tuyau où passent les réalités naturelles ou culturelles. Elle donne accès à l'intérieur même des entrailles de la terre, du monde. "Higgs", à la recherche de l'anti-Motti de Gianni Motti, vidéo : performance dans un tunnel de 27 km. La sculpture en forme de coquillage "Renaissance" 2008 de Lili Fantozzi nous emmène dans les fonds marins.

Carré Saint Anne : Montpellier, Pantagruel, la Vieille et le Lion
Pantagruel, l'un des deux géants majeurs, est né un 25 juillet, soit à la Saint Jacques, le hérault de la période caniculaire. Il jetait du sel dans la gorge des gens, les assoiffant, au moment de la Vieille du Carnaval Populaire où le chien passe devant le Lion d'où la sculpture monumentale "Le Cracheur de Sel" d'Alain Benoit. Le principe d'humidité dans le feu, qui au lieu de brûler, rendra tout vert "panta-gruel" et le désaltérera enfin est représenté par l'œuvre de Le Gentil Garçon "Sucia Machina (Hulk)" le géant vert.


Les commissaires généraux de la Dégelée Rabelais sont Emmanuel Latreille, directeur du Frac Languedoc-Roussillon et Christian Besson, professeur d'histoire de l'art. Le titre "La Dégelée Rabelais" a été repris du numéro 21 de la revue TXT de 1987. Outre, le banquet épicurien de fin juin à Montpellier, le 22 septembre aura lieu le banquet de clôture à l'Abbaye de Lagrasse, près de Carcasonne. Il ne faut pas oublier les rencontres, lectures et concerts autour de ce thème et notamment le 21 septembre au Pont du Gard avec le trio Vidal, Khatir, Gardone et le 4 octobre au Vallon du Villaret avec le duo Léandre et Vidal.