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Le prix Marcel Duchamp présentait quatre artistes :
- Michel Blazy avec "force verte" dont le procédé est pour la première fois expérimental ; une visite de jardin, à grande échelle, basée sur l'incertitude de l'évolution de la matière.
- Stéphane Calais peint à même le mur ou dessine sur du papier peint floral des années 70, des extraits de poèmes en noir et blanc de E.E. Cummings, poète, écrivain, peintre américain décédé en 1962, sur l'instabilité de la compréhension.
- Didier Marcel avec "Champ de blé aux Corbeaux", inspiré du tableau de Vincent Van Gogh de 1890 avec des machines agricoles, nous convie à sa fuite : dépaysement garanti.
- Laurent Grasso avec son film en boucle ; on voit une roche ovoïde en lévitation, entre un sol aride et sous un soleil de plomb semble t-il, dans un paysage de fin ou de début du monde, surnaturel. Le bloc erratique échappe quelque peu à sa condition de corps gravitaire pour devenir aérolithe telle une expérience de télékinésie. Aux murs, des hauts-parleurs coniques, en bois et cuivre, nous renvoient au fantasmagorique. En tout cas, cette impossible situation affecte nos repères jusqu'à une sensation troublante et indéfinissable.
Le Prix Marcel Duchamp, dans la Cour Carrée du Louvre, lors de sa 8ème édition, est revenu à ce dernier nominé, défendu par la Galerie Chez Valentin à Paris.
Cette dernière décennie, Laurent Grasso a participé à plusieurs expositions internationales. Il porte son attention au réel et aux problèmes du monde. Le vocabulaire de la psychanalyse est aussi une clef pour aborder son œuvre. Il crée des univers imaginaires ou improbables et nous plonge souvent dans des environnements hybrides, surnaturels, à la fois poétiques et porteurs de sens, d'expériences sensorielles inédites. Ses installations mettent en scène des situations spatiales, techniques et symboliques de projection. Il joue avec les phénomènes naturels, paranormaux ou météorologiques. Ses vidéos suggèrent la présence d'esprits fantomatiques, sans origine, tel un symptôme caché.
Simultanément, nous avons pu le voir également dans divers endroits comme dans le parcours Off de la Fiac à Paris ; quelle actualité foisonnante… il n'arrête pas. Antidote 4, à la galerie des galeries, au 1er étage des Galeries Lafayette "l'Eclipse" de 2006 présente une éclipse et un coucher de soleil. Sur le mur "Anechoic wall" 2008, en acier laqué. Il mêle nos bonnes vieilles peurs, la fiction, scientifique et mythologique. De même, Philippe Journo collectionneur présenta lors du parcours de la Fiac, Place Vendôme, plusieurs œuvres d'Eric Baudart et de Laurent Grasso en partenariat avec la galerie Chez Valentin. Nous pouvions apprécier, entre autres, une œuvre intitulée "Echelon" de 2007, maquette d'une centrale électrique.
Au sein de l'exposition "Vidéo, un art, une histoire 1965-2007" au musée Fabre de Montpellier, une installation vidéo de 2007 "Polair" est présentée dans la section Recherches/Prospectives. Elle réunit des œuvres d'artistes qui utilisent le medium numérique comme support de création. Dans cette œuvre, il explore la pluridisciplinarité de la science et réduit la frontière entre la réalité documentaire et la fiction. Une nébuleuse de spores, à la fois beau et menaçant, navigue au dessus de la ville de Berlin à proximité de la tour de télévision, sur fond de musique électronique intrigante.
Il est dans la lignée de ces artistes dont le cursus est entre l'art vidéo, l'art des nouveaux médias, le médium numérique, en rupture avec les paramètres artistiques traditionnels. Et, on connaît toute la difficulté de faire connaître l'histoire d'un phénomène contemporain.
Une œuvre de Laurent Grasso, lauréat du Prix, sera présenté au Centre Pompidou à l'été 2009.
Elisabeth Petibon
Paris, octobre 2008
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