Pierrot Men

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Lors de Paris Photo, le photographe malgache, Pierrot Men (toujours l’appareil accroché à son cou), a montré son nouveau travail à Paris, sous la direction de Jean-Marc Tingaud, photographe que nous connaissons bien. Pierrot Men a toujours réalisé des images liées à sa vie dans l’île et à ses habitants. Portraits ou paysages, instantanés en action, mouvements des corps pris dans des situations insolites, cette "thématique" forme un tout, et une même direction esthétique qui met en valeur le côté humain. Les photos mettent en exergue l’identité, les petites choses de tous les jours, à la manière d’un chroniqueur, comme l’ont fait de nombreux photographes américains qui parcouraient leur pays. Il s’agit pour lui de capturer ce qui vient à sa rencontre, intuitivement, tel un accident réaliste formant ainsi un ensemble d’activités humaines. Ses photos en noir et blanc réfléchissent de très beaux contrastes révélés par la lumière, l’exposition du geste.

Avant de se lancer dans la photographie (à l’âge de 18 ans), Pierrot Men a été peintre pendant dix sept années, il utilisait ses photos comme des modèles de travail. Ensuite, il a inversé le principe pour se consacrer exclusivement à la photo. "Dans un paysage, il y a toujours quelqu’un qui me touche." Dit-il. Parfois la scène est nue.

Il a réalisé ces dernières années des portraits des insurgés de la rébellion de 1947. Portraits à la volée, puis posés dans leur histoire vécue. "Je déclenche l’appareil pour révéler leur âme, leur identité." Ce sont les 80 Portraits d’insurgés, aux éditions Vent d’Ailleurs, avec un texte de Jean-Luc Raharimanana. A découvrir absolument. Jean-Marc Tingaud qui connait très bien son oeuvre a écrit : "Infiniment sensible et poétique, l’œuvre de Pierrot Men est polymorphe. Documentaire, ethnographique, baignée d’humanité, elle a grandi à l’abri des regards depuis les années 70 pour constituer la somme considérable qu’elle est devenue aujourd’hui. (…) Et nous voilà, sans coup férir, projetés dans l’universelle et intemporelle beauté…" Que dire de plus juste !