Penone à Versailles
de la création contemporaine dans le patrimoine
Penone au parc du Château de Versailles
Penone au parc du Château de Versailles
Penone au parc du Château de Versailles
Penone au parc du Château de Versailles
Penone au parc du Château de Versailles
Penone au parc du Château de Versailles
Penone au parc du Château de Versailles
Penone au parc du Château de Versailles
Penone au parc du Château de Versailles
Penone au parc du Château de Versailles
Penone au parc du Château de Versailles
Penone au parc du Château de Versailles
 

Penone au parc du Château de Versailles

Penone au parc du Château de Versailles

 
 
 
 
Pour honorer le 400ème anniversaire de la naissance de le Nôtre, jardinier du Roi, les parcs de Saint Germain en Laye et de Versailles servent de cade à des oeuvres, souvent spectaculaires, d'artistes contemporains.

Le Nôtre entendait figurer le classicisme à la française. Comme Molière. Rameau ou encore Boileau, il affirme que "toute forme artistique doit s'inspirer du cartésianisme en ce sens qu'elle repose sur une conception de l'art qui définit l'œuvre comme une illustration sensible d'une idée vraie". Cette vérité, c'est la nature réelle des choses, le fondement originel. Le cercle n'est pas plus le cerceau auquel jouent les enfants, que l'apparence de la pleine lune. Le cercle est une forme mathématique qui n'est reliée à aucune subjectivité. De même l'eau "vraie" n'est pas plus la glace des banquises que l'onde qui boue dans la marmite : l'eau c'est H2O, la réunion de 2 atomes d'hydrogène et d'un atome d'oxygène. S'attachant à dessiner des jardins, le Nôtre compose des espaces "mathématiques", harmonieux. Il crée géométriquement des allées, taille buis et conifères en formes simples, carrés, pyramides, boules, etc… qui rappellent les fondements de l'esthétique classique. Avec "L'année le Nôtre", c'est ce génie que l'on entend célébrer : qu'en est-il des nombreux artistes contemporains qui ont la mission de magnifier les parcs et jardins conçus pas le Nôtre.

Passons sur les "Nouvelles Folies Françaises" de Saint Germain en Laye qui n'ont rien à faire avec Le Nôtre ( ce terme même n'était pas de son époque) pour nous concentrer, avec Giuseppe Penone, "sur l'hommage que le château de Versailles entend lui rendre avec une exposition qui doit mettre en lumière ou éclairer sous un jour nouveau l'art et l'œuvre du jardinier de Louis XIV".
L'artiste, chef de file de l'"Arte Povera", a dressé ses sculptures d'arbres dans lesquelles le végétal et le minéral se mêlent pour dévoiler leur essence ou a aligné des blocs de marbre de Carare ouverts sur leurs entrailles.

Les travaux de Penone traitent en effet de la "substance universelle", de la nature, des entrailles de la terre, de l'exploration des forces mystérieuses qui régissent, selon lui, notre existence. Il se pose sans cesse la question du rapport de l'homme avec la nature dont les éléments seraient chargés de signes inscrits dans la mémoire des éléments organiques et minéraux. Les œuvres de Penone font écho à la pensée de Nietsche qui soutenait que notre réalité, le monde perceptible, n'était que la partie émergée d' icebergs dont la partie sous-marine renfermait les forces mystérieuses qui régissent tout. Penone illustre avec force ce propos avec ses blocs de marbre blanc alignés en direction du Grand Canal ( Anatomie) : ils révèlent des forces occultes, l'essence de leur nature, par leurs échancrures. Il nous fait entrer dans le sensoriel, l'arrière-monde, le champs de l'invisible, celui des sens. Ses œuvres font écho à des rêves oubliés. Il s'adresse plus à notre cœur, qu' à notre esprit. Il tourne ainsi le dos à toute rationalité, au cartésianisme. Comme Nietsche ou Schoppenhauer, Penone considère que ceux qui en restent aux idées claires et distinctes se condamnent à ne jamais voir que la surface des choses alors qu'il faut en expliquer, sinon en montrer la vérité "profonde" : Penone n'est pas un classique, son travail n'a rien de cartésien, au sens philosophique du terme.

C'est en cela que les installations monumentales de Penone dans la parc de Versailles apparaissent comme un contre sens. Elles ne célèbrent pas une oeuvre, mais s'y opposent. Bien que créant un parc planté d'arbres, Le Nôtre n'a pas magnifié la nature "sauvage" aux forces occultes. Comment faire valoir une œuvre classique, cartésienne, par un artiste qui lui tourne délibérément le dos ? Ce n'est pas que le travail de Penone soit inintéressant. Il est au contraire très remarquable. Certains crient même au génie. Mais ces grands troncs décharnés et éclatés, ces bras noueux désarticulés, ces blocs de pierre qui viennent se nicher au cœur de frondaisons, passent mal dans un paysage construit et voué au classicisme. Comme des pantins au rebus, ils semblent tombés là par hasard, sans participer d'aucune manière à la célébration voulue du jardinier de génie que fût en son siècle, Le Nôtre. Ou alors veut-on réanimer la "Querelle des Bouffons" qui, au 18ème siècle a opposé avec violence les partisans de la mélodie et ceux de l'harmonie, Rousseau à Rameau ?
 
Bernard Blum
Paris, août 2013
 
 
Penone au parc du Château de Versailles
30 juin au 31 octobre 2013, entrée libre

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