Philippe Parreno
Anywhere, Anywhere Out of the World
Philippe Parreno
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Philippe Parreno

Philippe Parreno, vue de l'exposition Anywhere, Anywhere Out of the World

Le Palais de Tokyo présente jusqu'au 12 janvier 2014 une exposition solo de Philippe Parreno (né en 1964) qui a saisi l'occasion de coloniser les différents espaces rénovés. L'exposition s'articule autour de la partition pour piano d'Igor Stravinsky Petrouchka (1911) et plusieurs pianos mécaniques donnent le tempo des installations. L'artiste reste fidèle en cela à sa théorie sur les expositions créatrices de leur propre univers quitte à inviter d'autres artistes dans ce nouveau monde.

Autour de ces repères musicaux s'organise un ensemble d'œuvres récentes sous forme de vidéos, d'installations et de machines plus ou moins élaborées. Des jeux de lumière, une bibliothèque qui pivote, des décors mobiles, un personnage virtuel incarné par une comédienne… autant d'éléments destinés à désorienter le visiteur. Parreno utilise ici pleinement les volumes du Palais de Tokyo, en particulier dans la première salle où trône un écran géant : plus on s'en approche, moins on voit les vidéos projetées. De même les "marquees" (marquises lumineuses inspirées des théâtres de Broadway) réunies en orchestre dans une salle obscure semblent redéfinir les limites spatiales du lieu en clignotant en rythme sur la partition de Stravinsky. Enfin l'idée simple de poser un film plastique translucide sur les hautes fenêtres extérieures permet de brouiller habilement la perception.

Au-delà de cette mise en scène spatiale, l'exposition fait émerger des grandes lignes directrices dont la principale demeure le rapport au corps. A ce titre la vidéo Marilyn est exemplaire car Parreno y convoque l'actrice sous plusieurs formes : la caméra se déplace comme son regard dans la suite du Waldorf Astoria filmée ici, un ordinateur reproduit sa voix et une machine graphomane copie son écriture. Le résultat se révèle très troublant, et ce trouble se retrouve dans Annlee, personnage de manga dont Parreno a racheté les droits avec la complicité de Pierre Huyghe. Après la projection d'une courte vidéo d'animation, une jeune comédienne vient incarner Annlee devant les visiteurs en s'adressant directement à eux. Le jeu sur le virtuel et le réel fonctionne alors parfaitement… Enfin la dernière installation autour de Zinedine Zidane achève la décomposition de l'enveloppe corporelle : le joueur a été filmé en 2005 lors d'un match et les images sont projetées sur dix-sept écrans simultanément de dix-sept points de vue différents.

L'autre ligne directrice de l'exposition est le lien au texte et à l'écrit au sens large : la machine à reproduire l'écriture de Marilyn Monroe puis celle de l'artiste, les cartels « numériques » où s'affichent de courts textes critiques, la bibliothèque idéale de Dominique Gonzalez-Foerster qui contient des ouvrages de science-fiction ou des raretés. On peut même considérer que la partition de Petrouchka unit ces deux lignes directrices au sein de l'exposition : l'histoire d'un fantôme au corps évanescent se conjugue à un langage musical comme texte sous-jacent.

Un bémol tout de même, l'omniprésence des textes en anglais dans les cartels numériques et dans la vidéo Marilyn. En effet, l'absence de traduction empêche certainement une partie des visiteurs de pénétrer dans l'univers recréé par Philippe Parreno. Les autres repartiront heureusement avec le souvenir d'une expérience sensorielle inédite orchestrée comme un jeu de piste.
 
Olympe Lemut
Paris, décembre 2013
 
 
Philippe Parreno
"Anywhere, Anywhere Out of the World"
Palais de Tokyo, Paris
jusqu'au 12 janvier 2014
palaisdetokyo.com

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