"Nature et détournements : une autre appréhension"
Le 6 Mandel
6 Mandel
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6 Mandel

Aude Franjou

 
 
 
Sculpture, relief, installation… beauté pure, poésie, élégance, dépouillement…

Le "6 Mandel" : Un lieu d'exception imprégné de richesse culturelle et d'esthétique. Lumière, volumes, petit jardin élégant abritant un étrange bestiaire, le temps ne s'est pas arrêté dans cet écrin résolument contemporain et pourtant fidèle à sa mémoire. Une scénographie exquise le fait vivre au rythme des artistes qu'il accueille. Intemporalité des époques qui se tissent à l'aune de talents successifs d'amoureux du Beau.

Le "6 Mandel" est un hôtel particulier situé près du Trocadéro, avenue Georges Mandel. Il a appartenu à Christian Dior et il est aujourd'hui à nouveau révélé par un esthète venu de Nancy, designer talentueux et curieux, Jean Christophe Stoerkel
Il abrite régulièrement des expositions d'artistes contemporains d'un grand raffinement. Celle qui a cours en ce moment est d'une poésie extrême, d'une beauté apaisante. L'hôtel particulier offre un sublime cadre à un sculpteur et à quatre artistes femmes dont le travail porte au cœur une cohérence et un esprit très épuré, de cette pureté évoquant l'empathie de l'arte povera de Penone.

Les œuvres présentées ici résonnent à l'unisson et témoignent d'une persévérance patiente, méticuleuse et d'une dextérité confondantes de leurs auteures. Leur dénominateur commun : le blanc, l'écru, les matières naturelles, les effeuillages et utilisations de graines. Quelque chose de subtil, de pur, parfois d'évanescent devenu évidence dans leurs métamorphoses. Une poésie allégorique perceptible dans les titres des œuvres : "inspir, errance, chutes de lunes"…

Nature :
La nature est omniprésente dans leur choix des matériaux, chaque œuvre porte en elle la mémoire de la patience, de la poésie, de ce toucher si précieux et du geste ciselé qui est de l'ordre de l'habileté inouïe des "petites mains" de La Haute Couture.

Détournements :
Chaque élément emprunté à la nature est en effet détourné pour donner à sa nouvelle forme, une vie à décalée et saisissante et une vision personnelle de l'artiste d'un charme infini et parfois ambigu.


Papier de cigarette arachnéen de Maryline Pomian, détourné en compositions géométriques rigoureuses dans des boîtes en plexiglas. Ses petites cloches patiemment froissées, tissées, sculptées en sublimes accumulations sont des "illusions formelles rassurantes" par leur géométrie parfaite.

Feuilles de pavot ou de coquelicot, ou subtiles coquilles d'oeuf chez Isabelle Isabelle Tournoud, devenues vêtements, bottines d'enfant ou escarpin féminissime. Contraste saisissant de cet objet érotisé, évoquant le désir brûlant et le phantasme, réalisé dans la si précieuse fragilité de la monnaie du pape. Ici, "L'humour participe aux titres, double sens et jeux de mots sur des expressions familières : "Marcher sur des œufs", "Pas de mauvaises graines, pointure 23"…

Coton tissé, chez Simone Pheulphin : Matière rude, brute, rêche, pliée en gestes sans fin d'une Pénélope contemporaine, tressée et fixée avec des milliers d'aiguilles, jusqu'à recomposer un corail, une pierre monumentale, une rosace des sables organique. Contraste saisissant de ces "Sculptures en ronde-bosse ou en haut-relief, dures comme du bois… proches de la faille, du coquillage, de la pierre, de la feuille, etc". Improbables et puissantes.

Les tissages colorés et organiques de Aude Franjou semblent être nées de la nature même des arbres auxquelles elles se fondent. "Discussions I, II, III", "L'Eclate" sont des enrobages de filasse de chanvre par du lin. Ces lianes et entrelacs semblent faire partie de l'arbre auxquels ils se mêlent, Ses sculptures de la même eau ont une présence profonde et vibrante.

Seul homme invité à ce gynécée, Quentin Garel sculpte le bois, les pièces de bois flotté, récupéré ou patiné. Il travaille aussi la porcelaine, la fonte, le fer, il crée aussi des bronzes à partir de sculptures de bois, dont les empreintes naturelles de leur mémoire d'avant leur confère un toucher ambigu et sensuel. Palpitant. Son sujet de prédilection un bestiaire émouvant, sensible, parfois humoristique, et définitivement attachant. Chaque animal, devient vivant, émouvant et tendre. Ses crânes, squelettes et têtes d'oiseaux figés constituent un "cabinet de curiosité" empreint de tendresse, d'humour et d'une présence saisissante.

L'ensemble est un pur bonheur, un instant d'une rare qualité…
 
Edith Herlemont-Lassiat
Paris, Janvier 2010
 
 
6 Mandel, exposition du 14 janvier au 27 février 2010, du mardi au samedi de 14h30 à 19h,
entrée par le 1, rue Greuze (à l'angle de l'av. Georges Mandel), 75016 Paris
www.6mandel.com

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